Haiphong
En 1900, on pouvait lire : "La ville de Haiphong est la 1ere que l'européen rencontre sur la terre Tonkinoise. Haiphong est le grand port actuel de notre conquête. C'est par là que pénètrent toutes les marchandises d'Europe, de Chine etc.. et c'est par là que tout voyageur doit passer, pour diverger ensuite à l'intérieur du Tonkin. Son développement s'est effectué avec une rapidité sans égale, et bien qu'il soit à environ 20 milles de la mer, il n'en reste pas moins le véritable entrepôt de la colonie.
La 1ere impression est une surprise enthousiaste pour tout ce qu'y ont créé les Européens. En quelques années, le terrain a été assaini; des étangs marécageux ont été comblés; de belles et confortables habitations se sont élevées, offrant à nos compatriotes le confort, le bien être, le luxe.
De belles avenues sillonnent le quartier français. L'éclairage est fait au moyen de lampe électriques; il s'étend dans presque toutes les parties de la ville.
Ce port présente, au point de vue maritime, quelques inconvénients, mais il n'en reste pas moins le principal centre de transit.
Haiphong est une ville neuve au sens propre du mot; sa rapide construction est une preuve indéniable de ce que peuvent faire les Francais aux colonies. Par le traité de 1874, les Annamites nous avaient concédé ce coin de terre ou plutôt de marécages, sachant très bien qu'il était insalubre, privè d'eau potable, et ils espéraient que nous ne pourrions n'en tirer aucun parti. Les évènements se sont chargés de leur prouver le contraire.
La ville est située sur une presqu'île fermée par le confluent du Cuâ Cam et du Song Than Bac. Sa communication avec la Baie d'Ha long se fait par un bras de rivière très navigable." (Le Tonkin en 1900)
L'Infanterie de Marine en action
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"Ville maritime, à 32 km de la mer, au confluent du Cua-Cam (branche septentrionale du delta), du Song-Tom-Bac et du canal Bonnal. Population vers 1915: 16.000 habitants, dont 10.000 annamites, 5.000 chinois et 1.000 européens.
Le port, précédé d'une double barre, reste accessible seulement aux navires d'un tirant d'eau de 4 à 5 mètres.
La transformation topographique et urbaine de la ville, oeuvre de l'administration française, a la valeur d'une véritable création. Bien tracée et bien bâtie, la ville annamite a été assainie autant qu'embellie par les terrassements qui ont comblé les marais, les voies publiques ombragées, rues et boulevards, les places et les squares, les bâtiments publics et les constructions privées.
La ville est éclairée à la lumière électrique. Le plan de la ville affecte la forme d'une corme d'abondance. La rive droite de Song tom bac est le quartier du haut commerce chinois.
Érigée en municipalité en 1888, Hai-Phong est le siège d'une résidence et d'un tribunal civil ; elle possède une chambre de commerce et une succursale de la Banque de l'Indochine; Tous ces hôtels ou palais sont remarquables ainsi que d'autres édifices : le Trésor, l'hôtel du gouvernement , le marché (en fer), l'hôtel du commerce, la caserne d'artillerie. Des écoles, des hôpitaux, un lazaret, des abattoirs contribuent de faire de Haiphong une cité presque européenne."
(d'après l'Atlas Colonial publié vers 1915).
N'oublions pas les victimes du bombardement des faubourgs de Haiphong en 1946, qui firent au moins 6000 morts parmi la population locale. Ce drame déclencha la "guerre du Vietnam".
Plan de Haiphong extrait du Guide Madrolle
Deux vues aériennes de 1931 (archives caom)
Autres vues
Le port
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Autre vue du port |
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Song-Tom-Bac, coté quartier chinois |
Song-Tom-Bac, coté quartier chinois |
Haiphong vue par Somerset Maugham ("Un gentleman en Asie", édition du rocher) à la fin des années 20.
"Quant à Haiphong où je me rendis afin de prendre le bateau pour Hong Kong, c'est une ville commerçante ennuyeuse. On peut, il est vrai, à partir de là, aller visiter la baie d'Along qui est l'une des Sebens wurdigkeiten d'Indochine, mais j'en avais assez des sites pittoresques. [...] Haiphong est traversé par des canaux et, par moments, l'animation et la variété de toutes les embarcations indigènes qui le sillonnaient me faisaient entrevoir un tableau multicolore et charmant. L'un des canaux, bordé de hautes maisons chinoises, décrivait une belle courbe. Les maisons étaient blanchies à la chaux, mais leur badigeon était délavé et sali ; avec leur toit gris, elles formaient une composition agréable ternie d'une aquarelle ancienne. [...]
Haiphong possédait un journal local. Il était imprimé sur un papier d'un blanc terne dont l'impression épaisse vous laissait de l'encre aux doigts. Il présentait un commentaire politique, reproduisait les informations données par la radio, publiait des petites annonces et des nouvelles locales. Le rédacteur, sans doute très à court de copie, publiait les noms des personnes, européennes, tonkinoises et chinoises qui venaient d'arriver à Haiphong ou de quitter la ville, et mon nom figurait dans le journal parmi les autres."
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Entrée des Docks - Bd Bonnal, carte postale datée de 1913 |
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Vue aérienne |
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Une rue chinoise |
Haiphong vers 1936
Le Port de Haiphong fait l'objet de multiples analyses, en raison de sa propension naturelle à s'envaser rapidement. Les travaux constants de dragages coûtent chers. Faut il choisir un autre emplacement ? Quel est l'ampleur des travaux à entreprendre ? Quelle solution adopter ? En 1936, les réponses ne font toujours pas l'unanimité.. Haiphong est aussi le point de convergence du réseau fluvial et cela compte. Il est vrai que la cote tonkinoise reste peu favorable à l'implantation d'un port commercial. Haiphong restera finalement la moins mauvaise des solutions.
En 1872, Haiphong n'est qu'un village de marécages.. En 1884, un petit centre militaire. En 1893, 15.000 habitants. Construction d'une ville moderne. En 1902, entrée en exploitation de la ligne de chemin de fer entre Haiphong et Hanoi / Yunnan. 100.000 habitants vers 1937.
On exporte des céréales, du charbon et du ciment. Mais aussi du saumon, du zinc et de l'étain. Mais également de la laque, du cu-nau, des joncs travaillés, de l'essence de badiane et des peaux brutes.
(d'après "Le port de Haiphong", 1937, Inspection des Travaux Publics, Gouvernement Général de l'Indochine).
Quai dans la ville |
Vue aérienne du port |
Les rails d'accès à Redon |
Le croiseur "La Motte Picquet" dans le port de Haiphong |
Les travaux de dragages |
Hon gay - Quais de la société des charbonnages du Tonkin |
Haiphong aujourd'hui
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L'ancien
bâtiments des
"Chargeurs Réunis" (bd Bonnal / Bd Paul Bert)
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Superbe
bâtisse, prise en 2005, à l'emplacement du bd Henri Rivière
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Photos de 2007
Il y a quantités de maisons d'architecture coloniale à Haiphong. Difficile de tout photographier ! Il reste beaucoup de bâtiments officiels, imposants, tandis que les maisons privées ont été remplacées par les immeubles à 2 étages que l'on rencontre dans tout le Vietnam d'aujourd'hui.
Le port et les anciens docks
Les quais d'autrefois font pale figure, surtout à marée basse. Il n'y a plus de trafic fluvial sur ces canaux. |
Sur l'ancien bras comblé au début du siècle, un espace public. Quelques bâtiments sont restés intacts.
L'orgueil de la ville : le théâtre. Il a été remis au goût du jour il y a quelques années afin d'attirer les investisseurs.
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Immeuble d'habitation à l'architecture original
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L'ancienne chambre de commerce et, à droite, le lycée
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L'ancien Hôtel de ville
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La Poste de Haiphong et le bâtiment juste en face
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L'église de Haiphong, très animée. Ne pas rater les chorales d'enfants, sans doute l'une des plus belles du Vietnam. Répétition le soir, la semaine. |
Rue Dien Bien Phu, anciennement rue Paul Bert
L'ancien hôtel du commerce, l'hôtel le plus chic du Tonkin en 1900 |
Le Trésor, aujourd'hui une banque (rue Felix Faure), à droite, le musée |
Face à l'ancien bâtiment des Chargeurs Réunis, boulevard Bonnal, la "Société Financière Française et Coloniale". La Banque de l'Indochine est proche des quais. D'une architecture massive, elle n'est pas très esthétique (pas de photo)
Exemple de rénovation réussie |
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La gare |
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Rue Ben Binh.
Cette rue était autrefois l'artère la plus fréquentée de la ville, car lieu de transit entre la ville et l'appontement du ferry. Le nouveau pont, situé à la sortie de la ville a redonné à ce quartier un calme inusité. La suppression en 2007 du bateau local à destination de la baie d'Halong et de Hong Gai a définitivement relayé ce coin de ville à l'histoire.
Anciens bâtiments des maisons de commerce, cie de navigation etc...
A gauche, donnant dans la rue Dien Bien Phu, l'immeuble qui pourrait être celui de Descours et Cabaud (négoce de produits sidérurgique).
L'entrée de la rue
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Maisons bourgeoises ; à droite, l'ancien palais de justice. Sur l'ancien Boulevard Bonnal. Aujourd'hui sur Nguyen Duc Canh.
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Ailleurs, en ville
A droite, une villa année 30, magnifiquement restaurée. |
A gauche, l'ancien bâtiment de la "Société Marseillaise d'Outre Mer" |