L'exposition de Hanoi 1902  

 

L'exposition ouvra ses portes de novembre 1902 à janvier 1903. Voulue par Paul Doumer, elle devait glorifiée sa politique des grands travaux et de modernisation de l'Indochine suivie pendant 4 années. Son concepteur ayant rejoint la France, l'exposition n'eut pas la gloire escomptée...

Catalogue officiel de l'Exposition à destination de la métropole. 

"L'exposition de Hanoi occupe l'emplacement de l'ancien hippodrome, le long du boulevard Gambetta, près de la gare du chemin de fer. A l'entrée principale, en face de l'avenue Richaud, a été aménagé un rond point  de 70 mètres de diamètre.

Au centre , s'élève le monument de la France, oeuvre du sculpteur Théodore Rivière. A 130 mètres de l'entrée, un Palais central de 100 mètres de façade a été construit au milieu d'immenses jardins. De grande galeries en hémicycles ont été édifies de chaque coté du palais; elles relient de coquets pavillons de modèles et de styles différents.

A gauche, affiche de 1902, par Dufau

Les galeries et les pavillons abritent des produits de la France et de ses colonies, ainsi que ceux des pays du sud de l'extrême orient : philippines, Malaisie, Malacca, indes anglaises et néerlandaises, Siam, Birmanie etc.. Derrière le grand palais s'élèvent les pavillons du nord de l'Extrême orient : Chine, Japon, Corée et Formose."

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Le Palais central

 

 

"En dehors de l'Exposition, la ville de Hanoi elle-même, riante, élégante et coquette dans sa partie européenne, avec ses larges avenues plantées d'arbres, ses longs boulevards éclairés à l'électricité, d'un pittoresque si curieux dans sa partie indigène, ou se pressent ouvriers annamites et marchands chinois, constitue une attraction des plus intéressantes.

Les principales artères de la ville sont sillonnées par un réseau très complets de tramways électriques qui relient le centre aux villages environnants.

L'inauguration de l'Exposition a déjà eu une préface dans les grandes et belles fêtes de 26 et 28 février 1902. Le 26 février, en présence de S.M. Thanh-Thai, empereur d'Annam, M. le Gouverneur général Paul Doumer remettait solennellement dans la grande salle du Palais Principal les insignes du nouvel ordre du Mérite aux indigènes qui s'étaient particulièrement signalés dans le perfectionnement des diverses bran,ches industrielles ou artistiques. Deux jours après, avait lieu l'inauguration du pont Doumer et de la ligne de chemin de fer qui relie Hanoi au port de Haiphong.

4000 participations assureront le succès de l'Exposition."


L'une des affiches de l'Exposition

 

L'exposition de Hanoi vue par Jean Ajalbert... (Les destinées de l'Indochine, 1911)

L'œuvre de Paul Doumer

"Et ce fut l'exposition de 1902.

La presse, les parlementaires étaient conviés ! Des bateaux de plaisir s'organisaient. Le voyage en Indochine apparaissait comme une légère promenade... Les paquebots restèrent au port d'attache. Les parlementaires n'abandonnèrent pas leur électeurs. Seule, la presse donna et sur une délégation d'une vingtaine de personne, il y eut, peut être jusqu'à 3 journalistes...

C'était l'exposition de M. Paul Doumer : monsieur Paul Doumer était à Paris. Les nouveaux gouvernants ayant affiché leur indifférence, tout au moins, à poursuivre la glorification du prédécesseur, l'exposition s'ouvrit pour la forme, sans plus..[..]

Du moins cette exposition mort-née nous servirait elle à frapper l'esprit des indigènes ? Hélas, pour l'annamite dont la curiosité se ruait à ce palais de l'industrie, du commerce, de l'art occidental, l'entrée se hérissait de mille consignes prohibitives ! Quand il pouvait pénétrer, sévèrement canalisé, l'admiration devait s'entrecouper souvent d'étonnement et d'amertume !

Combien d'exposants avaient songés à l'annamite avant d'emballer les caisses .. [..] J'imagine que la maison luxueuse qui exposait les pantoufles de théâtre de Mme Bartet et Brandés ne songeait pas à se créer une clientèle chez le peuple des rizières.. .Une vitrine de dessous de bras en caoutchouc devait fortement intriguer... Et devant ces pyramides de bouteilles de vingt liquoristes, comment les natifs n'auraient-ils pas été amenés à se souvenir que leur boisson favorite, le choum choum national, ils ne pouvaient plus en fabriquer ni en boire, condamner à user de l'abominable alcool du monopole.."

Scandale à la section française des Beaux Arts

"Ce fut à la section française des beaux arts, le scandale. Des groupes ahuris ou ricanants stationnaient sans fin devant une étude de nu, de carolus Duran. [..] Tout ce qui , du corps féminin, pouvait être encore inconnu à l'annamite,  le dernier des coolies l'avait sous les yeux.  [..]

On n'assistait pas à la bousculade des indigènes vers cet étalage intempestif sans une douleur de cette souillure ! Que pensaient ils eux dont la fille et la femme, habillées du cai-ao qui se boutonne au cou et du cai kouan qui tombe à la cheville..

 [..] Il fallu déménager le tableau.. On peut douter que qu'un pareil défi aux mœurs  locales ait fait beaucoup progresser le sentiment du respect du à notre égard."

Inondations et effondrement

"Pauvre féerie de 1902 que le premier crachin noyait au bout de quelques semaines ! Le Grand Palais avait été construit pour durer ? Il s'effondra au 1er typhon, qui ruina une inoubliable collection de l'École Française d'Extrême Orient. "

 

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