Le Tonkin vers 1900

 

Ouvrage paru en 1900 à l'occasion de l'Exposition Universelle à Paris. Orné de 172 illustrations. C'est un livre à la gloire de la présence Française en indochine. 

 

Coolie tonkinois transportant du riz sur sa brouette; Femme du Tonkin véhiculant un indigène mal dans un pousse pousse; un marchand de poterie et de faïencerie à Hanoi

   

"Sur les marchés de la province se trouvent, en grande quantité, les produits suivants ; Étoffes européennes de diverses couleurs, crépon de soie, soie de plusieurs qualités, tissus de bourre de soie, étoffes annamites de diverses couleurs, étoffe teinte de cu-nau, crêpe de soie, satin de soie, pantoufles et sandales, chapeaux en feuilles de lataniers, en bambou tressé et laqué, pinceaux, papiers à écrire, encre de Chine, papier de Chine à cigarettes et papiers colorés, thé de Chine et du Yunnan, tabac ordinaire et tabac laotien, tabac de Chine, sucre en poudre, sucre candi, abricot de Chine, farines diverses, friandises, farine de glateron, confitures, ustensiles en cuivre, casseroles en fonte, théières de Chine, tasses et théières annamites, pots et tasses à alcool, tasses et assiettes chinoises et annamites, baguettes à manger laquées, pipes à eau chinoises et annamites, tabatières et boîtes à bétel, riz gluant et ordinaire, haricots divers, huile camphrée en petits flacons, savon, glaces, peignes, boutons en cuivre et en ambre, aiguilles, fils, couleurs diverses, éventails en papier, articles de culte en papier, baguettes d'encens, bois de santal, cire, bougies, champignons secs, alun, poêles en terre cuite, nattes, clous, ustensiles en terre cuite, poulets, canards, viandes de porc, sel, saumure, seiches sèches, bâo-ngu (espèce de limaçon), écrevisses sèches, oeufs, poissons frais, crabes, crevettes, limaçons, anguilles, bois de chauffage, Jacques, ananas, bananes diverses, noix d'arec, pousse de bambou, haricots en pâte, citrouilles, courge, oignon, ail, allumettes, pétrole, pétards, légumes, sésame, patates de diverses espèces, maïs, châtaignes d'eau, marrons sauvages, baccourés. Cochons muongs, coqs, chiens muongs, fiel d'ours, plantes médicinales, hoangthao, écailles de fourmilion, ramie, écorces à papier, be-moc, gomme laque, cardamome, tissus muongs, couteaux divers, cuvettes en fer-blanc, jarres, articles de vannerie, instruments aratoires, faux, arachides. Essences diverses, bambous mâles et femelles, bambous denses, cu-nâu, feuilles de lataniers, fruits oléagineux, miel d'abeilles, médicaments annamites, saumure, sel, thé en feuilles fraîches. Thé sec et thé en graines, fruits du faux camélia, hôt-gioc, laque, feuille de mûrier, vermicelles. Feuilles de lataniers. Gros rotins et petits rotins, manioc, pèlerines en paillettes tressées, poissons salés, faucilles, etc."

Une danseuse tonkinoise fumant sa pipe; Une dame indigène se faisant éventer par un boy; une brouette chargé de porcs

 

Un marchand de nattes en joncs et bambou

Fabrique de parasols indigènes; incrusteurs

Un brodeur tonkinois, un tanneurs tonkinois, un cureur d'oreilles

Cordonnier et vendeur de chaussures indigènes

Un mandarin tonkinois; la majesté Thanh Thai, roi d'Annam et du Tonkin, à droite en costume de cérémonie

Un cavalier dans un village

Hanoi

Le Comptoir Français du Tonkin à Hanoi, magasins généraux de MM Debeaux Fréres à Hanoi

Agence de la mutuelle nationale, Hanoi; Pharmacie de M Blanc, Hanoi;

Boulevard Francis Garnier, La rue Paul Bert

 


 L'hôtel de la Direction des Postes et télégraphe de Hanoi

 

 

La résidence mairie de Hanoi et son personnel européen

 


Le monument élevé à Henri Rivière à l'endroit ou il fut frappé à mort

 

 

 


La police de Hanoi: agents européens et indigènes

 

 

Monument élevé en l'honneur de ceux qui sont tombés dans les rangs de la garde indigéne


 

 

 

Chambres de commerce et d'agriculture de Hanoi (futur bibliothèque P Pasquier)


 

 

 

 


 

L'immeuble ou fut installé la 1ere distillerie du Tonkin

 

Terrain de la concession

"A proximité du débarcadère, s'élèvera, dans quelques temps, le pont que l'on jette sur le fleuve Rouge, pour relier Hanoï à la rive gauche. Les travaux sont en pleine activité, et malgré le rapide courant, malgré les crues subites et la largeur du fleuve, on ne peut douter de la parfaite réussite de cet important ouvrage. La partie, encore appelée aujourd'hui Concession, qui était, jusqu'en 1886, séparée de la ville par une porte en pierre de Bien-hoa, appelée par nous « Porte de France », se trouve actuellement enclavée dans le périmètre de la ville. Ce terrain, concédé à la France par la convention du 6 février 1874, longe au nord la rive gauche du fleuve, à hauteur des anciens camps de la Sapéquerie et des Lettrés, aujourd'hui complètement détruits, et dont il ne reste plus trace, les derniers ayant été vendus par lots aux habitants. C'était, à cette époque, un terrain bas et vaseux qu'on entoura d'une ceinture de murs crénelés, pour se protéger des attaques des Pavillons-Noirs. Ces fortifications furent détruites par Paul Bert en 1886. Autour de la demeure du représentant de la France, vinrent se grouper d'autres habitations occupées par les chefs des services civils et militaires. La Concession comprend, encore actuellement, l'ancien hôtel du Résident Général affecté au Gouverneur Général, les anciens bureaux de la Résidence Générale, l'hôtel du Général commandant en chef, et les bureaux et logements de la, Place et de l'Etat-Major général. Cette bande de terrain, d'environ un kilomètre de long, est partagée en deux dans toute sa longueur par une belle avenue, merveilleusement ombragée, qui, longeant parallèlement le fleuve, aboutit à l'hôpital de Lanessan. 

Les habitations de la Concession entourées de très jolis jardins sont délicieuses, rafraîchies encore par la brise venant du fleuve. Le quartier européen, qui s'accroît de jour en jour, est situé dans le voisinage de cette Concession. Les rues sont larges, propres, parfaitement entretenues. De nombreux boulevards sillonnent ce quartier, et les jolies maisons qui s'élèvent, à chaque pas, sur ces belles avenues, donnent à la ville de Hanoï un aspect de joliesse et d'aisance que bien des cités françaises envieraient.

Les maisons européennes sont ordinairement à un seul étage, selon l'usage des pays chauds. De nombreuses ouvertures y créent les courants d'air indispensables. Chaque immeuble possède ses dépendances : les écuries, les remises, les maisons des domestiques, etc.. Souvent un jardin est attenant. "

 


Forage d'un puit à l'usine des eaux à Hanoi

 


 Fabrique des allumettes à Hanoi

"La rue Paul-Bert est la principale artère du commerce français. On y voit de grands hôtels et des cafés très luxueux. Tous les commerçants s'y sont un peu donné rendez-vous. Ici, on trouve une maison de commission importante, et dont le gros commerce est florissant: un peu plus loin, une maison de nouveautés attire les regards. Là sont entassés à la vitrine les livres variés d'un libraire ; la série en est complète et nouvelle : Le Figaro illustré, les principales revues françaises, etc.; rien n'y manque : le lecteur y trouve largement de quoi se satisfaire et se tenir au courant de la vie métropolitaine. Le magasin d'une couturière française fait sensation, par sa devanture bien éclairée et ornée de toilettes à la dernière mode. Tout se mêle et se confond dans cette rue Paul-Bert. Les tailleurs, les coiffeurs, les boulangers, les pharmaciens, etc. La terrasse des cafés se garnit de consommateurs à certains moments de la journée, et l'heure de l'apéritif existe ici avec autant de force qu'en France. Ce quartier européen est éclairé à l'électricité, comme, du reste, la presque totalité de Hanoï, y compris la ville indigène, et le soir venu, sous la lueur des lampes à arc, on se croirait véritablement en un coin de grande ville française. La rue Paul-Bert débouche sur le Petit Lac qui peut être considéré comme le centre de la ville. Ce Petit Lac est le véritable joyau de la capitale tonkinoise. Bordé d'arbres et de larges avenues, il offre aux promeneurs un lieu agréable, pittoresque aussi, avec ses eaux qui reflètent, le soir, les lumières électriques. Au centre de cette grande cuvette est construit le Pagodon, sorte de bâtisse peu volumineuse, que surmonte une réduction de la statue de la Liberté éclairant le monde. Sur les bords de ce petit lac, se trouve le square Paul-Bert où s'élève la statue de cet ami du Tonkin, et où la musique se fait entendre; quelques bâtiments principaux, tels que le Tribunal, l'Hôtel des Postes, la Philharmonique, etc., sont également construits sur l'avenue qui longe ce bassin. La statue en bronze, sur socle de pierre, située à l'entrée du square, entre la Résidence-Mairie et l'Hôtel des Postes et Télégraphes, et faisant face au Petit Lac, représente l'Ex-Résident Général Paul Bert (mort au Tonkin en 1886), tenant de la main gauche le drapeau tricolore et étendant la droite en signe de protection au-dessus de la tête d'un Annamite. Pourtant le Petit Lac ne constitue pas la promenade favorite des Hanoïens. Leur préférence est tout entière pour les environs du Grand- Bouddha et le Jardin Botanique. Ce Grand-Boudha est une statue colossale enfermée dans une pagode située au bord du Grand Lac à environ deux kilomètres. C'est un sujet de curiosité pour l'Européen, et aussi un but de promenade agréable. Le Grand Lac est d'un attrait charmant, et en faire le tour, un soir d'été, procure des sensations de fraîcheur qui ne sont point désagréables. A proximité du Grand-Bouddha, on trouve le Bois de Boul A proximité du Grand-Bouddha, on trouve le Bois de Boulogne de Hanoï : C'est le Jardin Botanique. D'une grande superficie, avec des allées ombragées de grands arbres et parfaitement entretenues, il est le rendez vous   de l'élégante société hanoïenne. Quelques nappes d'eau, une constante verdure, des fleurs et des animaux de toutes sortes, même des tigres, telles sont les distractions de ce jardin qui jouit de toute la faveur du public. On va au Grand-Bouddha, puisque c'est ainsi qu'on désigne tous ses environs, le soir, au coucher du soleil, et on revient pour le dîner. C'est un roulement continuel de victorias, de charrettes anglaises vivement enlevées par d'intrépides petits chevaux; les belles dames passent, rapides, en de superbes toilettes, correctes et très à la mode. Les hommes sont d'aspect plus simple que les dames; le chapeauogne de haute forme est sévèrement banni ; les cols, trop haut ou trop durs, ne sont guère connus que de quelques fashionables qui mettent, par sacrifice sans doute, une sorte de coquetterie à s'habiller de vêtements incommodes. Les vieux Tonkinois regrettent cette invasion de tenue décente, de manières peu coloniales, et j'en ai entendu qui soupiraient après le temps où on pouvait aller au café en larges blouses et pantalons annamites. Aujourd'hui, tout cela est changé; l'étiquette s'est implantée fortement et rallie chaque jour de nouveaux adeptes. Cependant, le véritable gommeux. le rasta, veux-je dire, n'apparaît que rarement et la grande majorité des Tonkinois sont d'allures calmes et sans façons."

Divers

Le camp des lettrés à Nam Dinh 

 


 Une rue à Haiphong, prolongement de l'Hotel du Commerce

 

 

 


 Tonkinois, avec le large chapeau en bandoulière

 


Ecole professionnelle de sculpture, Hanoi

 

 


 Environ de Bac Ninh

 

 

Représentation théâtrale 

 


 Train à Langson

 


 

Le canal de Nam Dinh et la ville indigéne

 

La société Dinh Tran, entreprise indigène

Résidence de Cau Dô, de la province de Hanoi. Batiment construit par la société Dinh Tran, entreprise indigéne.

"L'Annamite Dinh-Tran est une preuve vivante de la facilité avec laquelle s'assimilent les indigènes, et combien ils sont susceptibles de devenir aussi industrieux et commerçants que nous-mêmes. On doit à Dinh-Tran de nombreux travaux exécutés dans de bonnes conditions et menés jusqu'au bout avec tout le soin nécessaire. La résidence de Cau-Dô est le dernier travail exécuté par cet Annamite. Le commencement des travaux eut lieu le 15 mars 1898, d'après les plans fournis par l'administration des Travaux publics. La livraison put être effectuée le 15 septembre 1899. Le bâtiment comprend, avec les dépendances, quatre structures. La résidence proprement dite est à un étage. Au rez-de-chaussée se trouvent un salon et une salle à manger. Au premier sont installées trois jolies chambres avec véranda, cheminée, etc. Le reste des constructions est approprié à la silhouette générale de la résidence. Le tout se trouve à une soixantaine de mètres du canal du Song-Dô. La main-d'oeuvre employée par Dinh-Tran est exclusivement indigène (annamite et chinoise). Les chefs de chantiers sont recrutés parmi les membres de sa famille, ses frères. Les matériaux de construction sont fournis par les carrières de Ninh- Binh qui appartiennent à Dinh-Tran. Ces pierres sont d'une solidité parfaite et très convenables pour la construction. La chaux est fabriquée par Dinh-Hoê un des frères de Dinh-Tran. Ce parent a été le chef de chantier lors de la construction de la résidence de Cau-Dô. Les briques nécessaires ont été faites sur place par l'entrepreneur. Elles ont donné d'excellents résultats. "

Concession de MM. Guillaume.

"MM. Guillaume frères ont commencé l'exploitation des carrières de pierres calcaires de Kêso en 1886. La concession provisoire du rocher dit de Kêso, en face du village de ce nom, a été accordée à MM. Guillaume en 1888. Dix ans plus tard, en décembre 1898, ils en obtinrent la propriété. Les carrières de Kêso fournissent le moellon, la pierre de taille pour construction et la pierre cassée pour les travaux de la ville de Hanoï et l'empierrement des routes. Les propriétaires de ces importantes carrières ont, en outre, installé à Kêso des ateliers de marbrerie et de pierre de taille. La main-d'oeuvre est annamite, comme, du reste, dans tout le Tonkin, où la tâche de l'Européen est, la plupart du temps, celle de la surveillance et de la direction. Dans ces ateliers, une scierie à vapeur débite le marbre en plaques d'épaisseurs diverses, pour tables, cheminées, carrelages, etc. [..] Pour assurer le transport des matériaux, à leur extraction des carrières de Ninh-Binh et de Thanh-Hoa, MM. Guillaume frères ont organisé un service de jonques qui fonctionne avec régularité sur les cours d'eau qui relient Kêso, Hanoï, Ninh-Binh et Than-Hoa. 75 jonques, de 40 à 70 tonnes, font le service de Kêso à Hanoï, et 20 autres jonques assurent le transport de Ninh-Binh et Thanh-Hoa à Hanoï. "

Plantations de café de Kêso.  

"A proximité de leurs carrières de Kêso, MM. Guillaume frères ont mis en valeur une superbe plantation de café, qui comprend 329000 caféiers répartis dans répartis dans les différentes plaines ou gorges des montagnes calcaires du Day en face du village de Kêso. Cette plantation est dirigée par MM. Borel frères, qui sont associés de MM. Guillaume. Les caféiers des quatre premières plaines, ayant été plantés les premiers, sont sans abri. On y a semé, depuis deux ans, des bancouliers qui servent d'arbres-abris. Dans la plaine aux Sangliers, qui est sous bois, les caféiers sont beaucoup plus vigoureux et promettent de bons résultats. Ces caféiers sont de l'espèce dite : Trabica. MM. Guillaume et Borel n'ont pas borné là leurs efforts. Ils ont encore adjoint à la plantation une ferme importante qui comprend 250 vaches et 500 chèves qui, non seulement fournissent des fromages et des beurres vendus à Hanoï, mais donnent, en outre, le fumier nécessaire à la plantation. Deux taureaux français sont attachés à cette belle ferme, et leur croisement avec les vaches du pays fournit un bétail très apprécié. "

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