Les Sœurs de la Providence de Portieux

 

Sauver les âmes par un enseignement chrétien

 

Culaogien (Cochinchine) - Établissement principal des sœurs de la providence  - cours intérieure

 

La congrégation des sœurs  de la Providence de Portieux fut fondée, en Loraine, au 18éme siècle par un prête, Jean Martin Moyë. 

Touché par l'état d'abandon et d'ignorance des enfants, surtout dans les villages et les hameaux, il résolut, alors qu'il était vicaire à Metz, d'instituer un groupement de pieuses filles, qui se chargeraient de les instruire et de les former à la vie chrétienne. La 1ere école ouvrit ainsi en 1762 au hameau de Befey, en Moselle.

En 1771, M Moyë se rapprocha des Missions Étrangères de Paris. Il fut envoyé en Chine, dans la province du Sut Chuen. Il y resta jusqu'en 1783.

Après la révolution, son oeuvre s'est rapidement développée. De Lorraine, à travers les deux branches, les Soeurs de Portieux et les Sœurs de Saint Jean de Bassel, les sœurs de la Providence se sont répandues en Belgique, en Italie, en Suisse, aux États-Unis, au Brésil, Au Mexique, à Cuba ainsi qu'en Indochine et en Mandchourie.

En 1875, 6 sœurs embarquèrent pour la Mandchourie, à la demande du vicaire apostolique, ancien missionnaire.

Quelques mois après, la communauté de Portieux acceptait une nouvelle fondation au Cambodge. Les premières sœurs arrivèrent le 12 janvier 1876 à Culaogien, qui restera le siège de la maison principale. De la création de la mission jusqu'en 1936, la communauté avaient fourni 88 religieuses françaises.

En 1977, les établissements sont "confiés" au gouvernement...

En 1984, la maison provinciale de Can Tho est assiégé et occupée pendant 21 jours. La Provinciale et 20 autres sœurs sont emprisonnées.

Aujourd'hui, la congrégation de la providence compte un effectif de 484 religieuses reparties en 96 communautés. Leur mission est polyvalente : pastorale, santé, éducation, banque, mission à l'étranger.

 

Merci à Soeur Marie-Didier Perrin, Secrétaire Générale de la Maison Générale des Soeurs de la Providence à Paris, de m'avoir confié la documentation nécessaire à la réalisation de cette page.

Né le 27 janvier 1730 à Cutting - diocèse de Metz, et ordonné prête le 9 mars 1754, M Moyë fut successivement vicaire à Metz et à Dieuze, puis supérieur du premier séminaire de Saint Diè. Après être parti en mission en Chine de 1772 à 1783, il s'adonna en Lorraine au ministère des missions paroissiales. Exilé pour la foi, il mourut à Trèves le 4 mai 1793. Il fut béatifié le 21 novembre 1954 par le pape Pie XII.

 

Au couvent de Portieux : départ des sœurs missionnaires

 

 

Soctrang (Cochinchine) - Bâtiments occupés par les oeuvres des Sœurs

Crèche

L'œuvre a pour but de recueillir les enfants abandonnés et de leur procurer le baptême.

"A toute heure, les enfants sont apportés à la crèche. Ils sont habituellement dans un état pitoyable, crasseux, déguenillés ou simplement enveloppés dans une feuille de bananier, très souvent couverts d'ulcères.. Aussitôt le personnel s'empresse, nettoie le petit être, le couche dans un gentil berceau tout frais. S'il promet de vivre, il est immédiatement confiée à une nourrice de la région"

En 1935, la crèche de Culaogien a accueilli 1039 enfants. Dans le même temps, les sœurs ont baptisé 4675 enfants dont 4127 avaient recueillis dans les crèches des divers établissements. "Sur ces 4975 enfants baptisés, 4579 sont morts, tellement ils sont chétifs quand ils nous arrivent à la crèche" [ NDLR il n'y a pas de faute de frappe ! ]

Arrivée des enfants à la Crèche

 

Jeunes orphelines à l'heure du repas - Culaogien

 

Repas des orphelines

 

A la crèche

 

 

Baptême des nouveaux nés

 

 

A la crèche de Culaogien, orphelines revêtues d'habits envoyés par l'exposition missionnaire de Thann (Alsace)

 

Orphelinats

A peu tous les enfants qui sortent des crèches constituent l'effectif de l'orphelinat.

Les garçons sont tous envoyés à l'orphelinat de Chau Doc. A l'age de 12 ans, les filles des autres établissements viennent à Culaogien.

L'orphelinat se présente ainsi :

- la salle d'asile : 83 petites filles

- à l'age de 6 ans, les orphelines entrent à l'école primaire, dont les 3 classes sont dirigés par des sœurs indigènes.

- vers 12 ans, les jeunes filles entrent dans la section des grandes. C'est une vraie ruche ou l'on apprend tout ce qui requiert la bonne tenue d'une maison, d'un ménage, la formation d'une bonne mère de famille. On leur apprend la reliure, le tricot, la couture, la broderie, le tissage de la soie, la cordonnerie ..

 - vers 18 ans, elles sont placées dans une maison secondaire ou elles se préparent à l'établissement dans le monde. 35 ont ainsi fondé un foyer en 1935.

Au 1er juillet 1935, 997 enfants étaient élevés dans les 6 orphelinat des Sœurs.

Culaogien - École primaire des orphelins de la mission

 

 Culaogien - les plus jeunes à la leçon de couture

 

Culaogien - Orphelines occupées à confectionner des lainages

 

Hôpitaux et Hospices

Les sœurs dirigent 6 hôpitaux qu'elles ont construites elle-mêmes. Elles reçoivent gratuitement bien sur, les infirmes et les malades de toute race et de toute religion.

12 sœurs françaises et 37 sœurs indigènes se dévouent également dans 6 autres hôpitaux de la Cochinchine, relevant du gouvernement français.

Les hôpitaux sont à Soc Trang, Rach Gia, Long Xuyen, Bac Lieu, Can Tho, Chau Doc et Phnom Penh.

En 1935, plus de 31 131 malades ont été accueillis dans ces établissements.



 Hôpital provincial de Cantho

 

 

 

Hospice de Culaogien - Vieillards et malades hospitalisés

 

 

Hôpital de SocTrang - Groupe d'Hospitalisés

 

 Orphelinat et Hospice de Sadec

 

Enseignement

Les sœurs dirigent, en 1935, les écoles de 36 paroisses. A Phom Penh et à Soc trang, elles ont un pensionnat pour l'enseignement du français à des jeunes filles de condition plus aisée ; elles préparent aux certificats études français et franco indigènes.

Sœurs indigènes

En 1880, les sœurs ont ouvert un noviciat qui compte en 1935 28 novices et 31 postulantes. En sont sorties déjà 371 religieuses.

 

 

 

Une école dans la brousse

 

 

Pensionnat des Sœurs de la providence à Phom Penh

 

Brochure de 1936 en vue de faire connaître l'action des sœurs. Les moyens d'aider la communauté sont précisés : "adopter une orpheline (contre 10 à 20 francs mensuel ou en nature à l'aide de "coupons d'étoffe pour petites robes, vêtements confectionnés ou fournitures classiques"), adopter une vocation religieuse indigène (offrande de 1000 francs), ou soutenir la Mission par la prière.  "

 

Lieux des établissements

Comment aider la communauté, en 1936

Voici une vue extraite de Google Earth de l'emplacement de Culaogien.  

Culao Gien en 2007

Six sœurs sont arrivées de France en 1876. Elles se sont installées sur l’île de Culaogien, très fertile (canne à sucre, indigo, mûrier, tabac, rizière..), sur le bras supérieur du Mékong. Sur cette île de 50 km carrés, se trouvaient des chrétiens réfugiés à la suite aux persécutions. L'île n'est qu'à 60 km du Cambodge, et, du temps de la colonisation, les bateaux reliant Saigon à Phom Penh y font escales.

Cualogien est vite devenu un couvent très important, avec hôpital, maternité (en 1916), hospice, orphelinat, centre pour les lépreux, une ferme, une maison de repos, un noviciat… Plus de 1000 personnes y logeaient. Des milliers d’enfants abandonnés y étaient déposés tous les ans. La plupart mourraient très vite, d’autres étaient élevés dans la dignité. Ces enfants étaient confiés à des nourrices de toute la région. La sœur qui s'en occupait était infatigable et partait tous les matins en barque pour chercher des nourrices. Celles ci devaient venir 1 fois par mois à Culao Gien pour recevoir des médicaments si nécessaire et obtenir leur rémunération.

Les jeunes orphelines suivaient un apprentissage de couture. A l'age adulte, on leur préparait un trousseau en vue du mariage, dont une malle et un petit pécule offert par les sœurs. Elles étaient demandées en mariage par les bonnes familles. Une quarantaine de mariages étaient célébrés tous les ans.

Les orphelins allaient a Chau Doc.

En 1945, suite au départ des japonais et du chaos qui suivit, les sœurs durent partir et le couvent fut vidé complètement. On croyait l’aventure de ces sœurs terminée.

Mais tout reparti aussitôt l’ordre rétabli.

En 1977, les communistes ont fait cesse toutes les œuvres sociales et réquisitionné un tiers du domaine.

Aujourd’hui, Culaogien est la maison de retraite des sœurs (180 s’y trouvent) aidées par de jeunes novices.

Un atelier de couture existe encore, qui forme des filles du pays. Quelques lépreux continuent de recevoir leur traitement mais ne peuvent loger sur place. Aucun étranger ne peut de toute façon loger sur place, ici comme ailleurs dans le reste du Vietnam. La communauté est sous une surveillance constante. Des démarches sont en cours pour récupérer les biens réquisitionnés en 1977, a présent abandonné par le gouvernement.

 

L'arrivée en bac sur l'île de Culao Gien. 500 mètres séparent l'île de l'autre rive. Autrefois, les bateaux qui faisaient le trajet Saigon - Phnom Penh s’arrêtaient sur l'île, ce qui réduisait considérablement l'isolement de ces sœurs

 

 

L'entrée du couvent réquisitionné par le gouvernement, puis abandonné, mais non restitué.

 

 

Vue du batiment principal, a gauche, et de la chapelle.  

 

Fronton du couvent

 

Dédales qui mènent ... aux toilettes ! Au fond, les fenêtres murées des bâtiments réquisitionnés

 

 

la chapelle ; autrefois, il y avait des bancs de chaque cote

 

Les sœurs font vœux de pauvreté. Le linge est toujours lavé a la main.

 

Cimetière des sœurs décédées à Culao Gien. On y retrouve les tombes des sœurs françaises arrivées en 1876. Elles ont toutes bien résisté au climat en vivant de nombreuses années. Ici, la tombe d'Isabelle Robert, morte en 1882.

 

 

L'arrière du couvent; la chapelle est a gauche

 

L'arrière du couvent; la chapelle est a droite

 

Plan du domaine actuel, en vietnamien ; La partie supérieure au trait noir correspond aux bâtiments réquisitionnés en 1977 et non restitués

Merci aux sœurs Honorat et Sœur Anne Catherine Pham de m'avoir accueilli si gentiment à Culaogien. Ainsi qu'à Soeur Marie Perrin, Secrétaire Générale, de m'avoir fourni des documents sur la congrégation.

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