L'évêque d'Adran
Mgr Pigneau de Behaine
Pierre PIGNEAU est né le 2 novembre 1741 à Origny-en-Thiérache, dans l’Aisne. Il est l’aîné des garçons d’une famille de 15 enfants. Son père est "receveur de la terre" et possédait une tannerie assez profitable.
Il intègre les Missions Étrangères de Paris en 1765 et part pour la Cochinchine le 9 Septembre de la même année, contre l’avis de son père. « Je dois parcourir une partie des pays parcourus par Saint François Xavier » écrit il. Les hasards de l’histoire font qu’il voyage avec Pierre Poivre. Après un voyage qui le fera passer par l’Ile Bourbon (la Réunion), Pondichéry, Malacca et Macao, il s’installe sur l’île de Hon-Dat, à coté de Hatien (1767). Mais il est arrêté le 8 janvier 1768, accusé d’avoir donné l'hospitalité à un prince siamois plus ou moins ennemi de Mac-Thien-Tu, chef de la région de Ha-tien. Il est emprisonné pendant près de deux mois, en 1768. Il doit porter une cangue de 45 kilos et de 1,77 mètre de longueur …. Forcé par la persécution, il s’embarque avec 43 séminaristes pour Malacca puis Pondichéry. Là, il s’installe à Virampatnam pour y construire un séminaire. Il est nommé en 1771 évêque d'Adran, à l’age de 30 ans, puis sacré à Madras le 24 février 1774. Il profite de cette période pour rédiger le dictionnaire "Vocabularium Anamitico Latinum"
Dictionnaire annamite - latin, écrit en 1775 à Pondichéry (conservé aux MEP) |
Il repart pour la
Cochinchine, y débarqua le 12 mars 1775 pour s’installer à nouveau à
Ha-tien. La mission compte alors entre 60.000 et 100.000 chrétiens, suivant les
estimations. En 1779, on compte 9 prêtres des Missions Étrangères, un prêtre
italien, un franciscain de Manille, et des prêtres indigènes.
Guerre
civile en Annam
A ce moment précis, l'Annam était en proie à
la guerre civile, déchirée entre les Nguyen en place et les rebelles Tayson
(Les « montagnards de l’ouest »). La révolte est dirigée depuis
Qui-Nhon, situé
au sud de Hué. A la fin de 1775, les Tayson
s'emparèrent de toute la famille royale du coté de Long Xuyen, et mirent à
mort le souverain et son fils. Seul représentant de la famille des Nguyen, le
jeune Nguyen-Anh, le futur empereur Gia-long, âgé alors de seize ans, qui réussit
à
s’échapper grâce à l’aide de l’évêque.
Les chrétiens voient dans cet enfant un nouveau « Moise sauvé des eaux ».
Provisoirement, les Tayson, considérant la conquête de la Cochinchine terminée,
remontent vers Quin Hon pour préparer l’attaque du Tonkin. Nguyen-Anh rallie
alors ses partisans ainsi que des chinois fournis par le gouverneur d’Hatien
et tente de reconquérir ses états du delta. Saigon est reprise en 1776. Au
nord, la même année, Hanoi tombe aux mains de Tay-son, et toute la région
subit une terrible famine.
Au milieu de 1778, des pirates cambodgiens
envahirent la chrétienté de Ha-tien, et s’attaquent violemment aux
catholiques, occasionnant plusieurs morts parmi les membres de la mission.
Pigneau et les membres du séminaire se réfugient à Tan-trieu, prés
de Saigon.
Extrait de naissance de Pierre Pigneau (à droite) et liste des frères et sœurs (15 enfants dont 4 morts en bas age) (musée d'Origny). |
La tranquillité dura 3 ans. En
1782, les Tay-son reviennent dans le sud, mettent le siège devant Saigon puis
s'en emparent. Plus de 10 000 Chinois de Cholon sont massacrées par les
vainqueurs.
Pigneau fut obligé de prendre
la fuite avec les séminaristes et quelques chrétiens, d’abord au Cambodge,
puis dans les îles du golfe du Siam. Sur l’île de Poulo Vai, l’Evêque rédige
un catéchisme en Cochinchinois, en attendant la fin de la mousson. En janvier
1784, il rencontra Nguyen-Anh, fugitif comme lui et réduit à la dernière extrémité.
L'évêque partagea avec lui et les soldats affamés ses dernières provisions,
et leur sauva ainsi la vie. Ils partent ensemble à Poulo Condore. Les Tay-son
traquent aussi l’évêque. Nguyen Anh n’a plus que 1000 hommes avec lui.
Nouvelle fuite sur l’île de Phu Quoc.
Mgr Pigneau avec le Prince Canh, statue face à la cathédrale durant la période française |
Comment reprendre le dessus ? Faire appel
aux Siamois ? C’était le risque de perdre des provinces. On fait néanmoins
appel à
eux. S’en suivra une défaite cuisante. Nguyen-Anh est convaincu que compte
tenu de la puissance des Tay-sons, aucune nation asiatique n’arrivera à les repousser
seuls. Des offres de services furent reçus des Portugais, des Hollandais, et
des Anglais.
Ne souhaitant pas l’entrée des protestants
avec l’Angleterre ou des calvinistes avec les hollandais, ni voir resurgir les
difficultés passées
avec les portugais, Pigneau offrit au prince le secours de la France, idée qu’il
finit par accepter. L’évêque est mandaté pour aller à Versailles. L’évêque quitte alors l’île de
Poulo-Panjang, accompagné du fils de
Nguyen Anh, le prince Canh, âgé alors de 5
ans, de son fidèle ami annamite le père Paul Nghi, de 2 mandarins, et d’une
escorte de 40 soldats. Ils arrivent à Pondichéry en 1785. Mais là, tandis que
les commerçants approuvaient son projet, le gouverneur et le chef de la station
navale le considèrent sans intérêt. L’évêque doute du bien fondé
de sa démarche et envoi une lettre au MEP pour annoncer son retour en
Cochinchine. Les choses s’arrangent finalement et l’embarquement pour la
France peut se faire. Arrivée à
Lorient le 5 Février 1787.
Sans
doute sur recommandation du marquis de Castries, ministre de la Marine, la
particule « de Béhaine » s’ajoute à son nom., afin de lui faciliter son introduction à la cour. Toujours est il qu’il obtient audience avec
Louis XVI le 6 mai.
Musée d'Origny. Arme de l'Evéque d'Adran, sur la façade de la maison natale, transformée en musée |
Pigneau a préparé
un exposé magistral qui reçoit un bon accueil. Il y parle de commerce, de richesses
et de l’attrait de Tourane. Il parle également de stratégie militaire, des
adversaires et de l’intérêt à contrebalancer la position anglaise en Inde.
Il fournit des chiffres très précis sur la tactique à suivre. 1500 hommes
suffiraient à prendre Qui-Nhon.
La cour est sensible à la qualité
et à la précision de l’exposé.
Montmorin et Castries, secrétaires d’État aux Affaires étrangères et à la
Marine, sont favorables aux projets de l’Évêque.
Une suite favorable est promise à l’Évêque. Dans cette attente, la prestance de l’évêque et
l’exotisme du jeune prince seront très appréciés à la cours. Le
prince Canh joue avec le fils de Louis XVI.
Le Prince Canh |
Une expédition fut décidée.
La France s’engage à fournir 4 frégates et 1650 hommes
Un traité d'alliance entre le roi de France et le roi de Cochinchine est rédigé
puis signé à Versailles le 28 novembre 1787. Il porte la signature du comte de
Montmorin, ministre de Louis XVI, et celle de Pigneau, représentant le Prince
Canh.
Par cette convention, la France s'engageait à
aider Nguyen-anh à reconquérir son trône, et obtenait, en retour, la propriété
absolue du port de Tourane, de l'île de Poulo-Condor, et le privilège exclusif
du commerce avec le royaume, ce qui avait été
convenu avec Nguyen Anh.
Cependant, 4 jours seulement après la signature
du traité,
des instructions secrètes sont envoyés
à Pondichéry par Montmorin. Ces instructions visent à faire apprécier
localement l’application du traité.
Toujours est il que l’évêque repart vers
Pondichéry, un mois après la signature du traité avec son
royal pupille et huit missionnaires. Tous sont confiants de l’exécution du
traité.
A Pondichéry, le comte de Conway, destinataire
des instructions secrètes, les met en œuvre en interrogeant longuement
Pigneaux sur le bien fondé
de l’opération. Les deux protagonistes finissent par échanger leurs
arguments par courrier puis décident d’en référer
directement à Versailles. Le conseil secret se réunit enfin le 4 octobre 1788 et
Louis XVI décide l’arrêt définitif de l’expédition. De plus, décision
est prise d’évacuer l’inde.
L'évêque refuse pour autant d’abandonner les
engagements fait à
Nguyen Anh. Grâces au soutien de
sa famille et d’armateurs de l'Ile de France (Maurice), de Bourbon (La Réunion)
et de Pondichéry, il achète de nombreux matériel de guerre, des fusils, des
canons, des munitions, et plusieurs vaisseaux sont loués, qu'il envoya tout armés
à Nguyen-anh. Il compte aussi sur le soutien de douze officiers de la marine
française, admirateurs de son œuvre patriotique, qui n’hésitent pas à
rompre leurs engagements. 359 matelots se mettent ainsi au service de la
Cochinchine.
Le 24 juillet 1789, il débarque
dans la baie des Cocotiers (le Cap Saint Jacques), déposé par la frégate
« La Méduse » (qui deviendra elle-même célèbre lors de son
naufrage au large des côtes de Mauritanie en 1816)
Nguyen Anh est très heureux de
la réussite de l’expédition, remercie le roi de France, mais se désole de
l’attitude de Conway qu’il juge responsable de l’absence de soutien.
Aussitôt l’évêque et les
officiers se mettent au travail. Pigneau veut ménager les populations pour
obtenir leurs soutiens, tout en réorganisant la marine et l’armée
cochinchinoise. Pour se faire, il veut mettre en place une petite armée
efficace, à l’européenne.
Victor OLIVIER de PUYMANEL et Théodore LEBRUN
construisent deux citadelles, l’une à Saigon et l’autre à Dien Khanh, situé
à proximité de Nha Trang. PUYMANEL crée une école de guerre. Laurent BARISY
et Godefroy de FORSANZ sont commandants de frégates et s’occupent de la
formation du corps des officiers. DAYOT, ChAIGNEAU et Philippe VANNIER
s’occupent de la marine.
L'humble demeure de Mgr Pigneau de Béhaine, aujourd'hui remontée dans l'enceinte de l'évêché, à Saigon. Messe quotidienne à 5h30. |
Tout le monde ne voit pas d’on
œil l’arrivée des « barbares » européens. Confrontés à
l'animosité des mandarins, plusieurs dizaines de français, découragés, donnèrent
leur démission. Les populations, irritées des corvées imposées pour la
construction des fortifications, se révoltèrent ; le roi, trop inexpérimenté
et ne sachant pas maîtriser son emportement naturel, mécontentent les uns et
les autres. Grâce à Mgr Pigneau, tout rentra promptement dans l'ordre ; les
Français qui avaient donné leur démission consentirent à la retirer ; les
officiers obtinrent la protection et les honneurs qui leur étaient dus ; le roi
s'attacha dès lors à suivre plus attentivement les sages avis de son
conseiller.
Il lui donna une garde de 200
hommes, tant pour veiller sur sa personne que pour honorer sa dignité. Il
voulut que l'évêque habitât auprès de la résidence royale, et recevait régulièrement
sa visite, écoutant volontiers ses avis, acceptant même ses reproches. Pigneau de Béhaine avait obtenu
qu'il ne ferait jamais exécuter personne sans l'en avertir ; et si le prélat,
après avoir mûrement examiné la cause, demandait la grâce du coupable, elle
devait lui être accordée. Le roi fut toujours fidèle à cette promesse. Il évita
ainsi bien des fautes auxquelles sa colère l'eût entraîné.
Le rôle politique, si considérable
qu'il fût, de Mgr Pigneau, ne lui faisait pas négliger ses devoirs de vicaire
apostolique. Il réorganise sa mission, fait revenir de Chantaboun les élèves
du séminaire. Il y avait sous sa direction 14 prêtres des M.-E., y compris les
huit qu'il avait ramenés avec lui, trois religieux Franciscains, et neuf prêtres
indigènes. Il assigna à chacun son champ d'apostolat. Dans un autre ordre d'idées,
Pigneau avait également travaillé pour les missionnaires et les chrétiens,
en composant un dictionnaire annamite-latin de grande valeur, que publia en 1838
Mgr Taberd, un de ses successeurs. C'est aussi grâce à lui que l'on doit
l'introduction du mangoustanier en Cochinchine.
Sur le plan militaire, le roi avait déjà
repris ses territoires du sud, avant même le retour de l’évêque. Des 3 frères
Tay-sons, il n’en reste plus que 2 qui sont brouillés. L’un
meurt en Septembre 1792 puis l’autre un peu plus tard. Fin 1792, la victoire
maritime à Qui Nhon produit un immense
impact sur les populations. Le roi refuse pourtant de prendre l’initiative au
grand désespoir des français qui pensent à nouveaux se retirer.
Plan du tombeau de l'Évêque (musée d'Origny) |
Cependant, en 1799, le roi se décide à diriger par terre et par mer une double expédition contre Qui-nhon, la
principale forteresse des Tay-son, qui bravait toutes les attaques. Le prélat
assiste à l’attaque mais contracte une douloureuse maladie (dysenterie
amibienne) qui dura deux mois, malgré le soutien du roi et la présence de son
meilleur médecin.
Pigneau de Béhaine expira le 9
octobre 1799. Sa mort est maintenue secrète jusqu'à la capitulation de
Qui-nhon le 2 novembre. Des funérailles royales sont organisées à Saigon. A 2
heures du matin, une procession s’élance et durera plus de 7 heures. Le cortège
compte 12.000 hommes, 120 éléphants et plus de 100 lanternes. 40.000 personnes
suivront la procession. Nguyen Anh préside les funérailles et prononce l'éloge
du défunt. Il lui fit élever un riche mausolée près duquel il plaça une
garde de 50 soldats, en prescrivant qu'elle y demeurât à perpétuité.
Mgr Pigneau de Béhaine, collection MEP |
L’évêque d’Adran meurt donc 2 ans avant la
prise d’Hué
(1801) et la soumission du Tonkin en 1802. Les Tay Son sont complètement défaits.
Nguyen Anh peut alors se proclamer le 31 mai de la même année empereur. Il
prend le nom de Gia Long (« Belle prospérité », qui est aussi la réunion
de Gia Dinh – nom de Saigon – et de Thanh Long – ancien nom de Hanoi). Hue
devient la nouvelle capitale d’un Vietnam réunifié. Il
a non seulement reconquis les territoires de ses ancêtres Nguyen mais il leur a
ajouté le Tonkin, réalisant ainsi l’unité du pays depuis le
golfe du Tonkin jusqu’au golfe du Siam.
Il meurt en 1820. Minh Mang le
remplace. Les officiers français, victime d’ostracisme de la part de Minh
Mang, préfèrent se retirer. La persécution des catholiques recommence en
1831.
Détail du tombeau à Saigon (début du XXeme siècle), musée d'Origny
La vie
tourmentée de l’évêque
Les dernières années de la vie
de l’évêque furent sous le signe du doute et de la tristesse.
L’évêque voit d’abord nombre de ses
proches ou amis mourir, en Indochine par la maladie ou en France du fait de la révolution
française. Le comte de Montmorin, signataire du traité, meurt empalé
lors des massacres de 1792.
Sa présence auprès du roi le tourmente énormément. Les instructions de la Sacrée Congrégation font défenses aux
missionnaires de s’ingérer dans les affaires temporelles des princes. De
fait, il est l’objet de nombreuses critiques de missionnaires, y compris dans
les rangs des MEP (Mgr Pothier au Se Tchouen par exemple). Les franciscains
espagnols de Cantho ne reconnaissent plus son autorité. Il souffre de
l’hostilité de la majorité de ses confrères en Extrême Orient. Mais il
sait qu’il a le soutien de Rome.
Quant au roi, il est
autoritaire, coléreux, susceptible d’humeur changeante, et fait des erreurs.
Pigneau est perplexe face à sa lenteur et son irrésolution. En 1792, il est
prêt à partir, déçu. Il sait qu’il est un symbole, que sa seule présence
suffit à galvaniser les troupes. Lui préfère pourtant rester en retrait.
L’espoir d’une vraie conversion du prince
Canh va en s’amenuisant également. L'évêque avait-il fait, comme d'autres
grands apôtres, le rêve de le convertir au vrai Dieu, et par lui, tout le
royaume annamite ? Ce ne fut qu'un rêve. Il ne sera pas le Constantin de
notre Occident. Au contact de l’évêque, le Prince Canh s’imprègne de la
morale catholique. A son retour en Cochinchine, il refuse même d’aller saluer
l’autel de ses ancêtres, causant un grand émoi dans sa famille. Mais une
lutte d’influence agit sur le jeune garçon par les mandarins, et l’espoir
d’une conversion va s’évanouir. En 1797, il accepte même 3 concubines !
Malade, il mourra prématurément en 1801 à
l’age de 22 ans.
Cimetière de Hué, la tombe de Godefroy de Forsanz,(1770 - 1811) |
Pigneau souffre aussi de l’attitude des
officiers français. Malgré l’ascendant moral de l’évêque, la plupart
d’entre d’eux ne rêvent que de fortunes et de gloires. Mal payés, en nature ou en monnaie locale, ils doivent faire du négoce pour vivre.
Ils oublient leurs devoirs religieux, à l’exception notable de Chaigneau.
Puymanel a une vie « détestable » et vit un temps avec une femme
publique.
En souvenir de Chaigneau et Vannier, officiers français qui se mirent au servire de l'Évêque puis du futur empereur Gia Long. |
La rue d'Adran, à Saigon ; Délégation de Cochinchine à Origny : la Cochinchine finança la restauration de l'église, détruite au cours de la grande guerre. |
Le bilan religieux est aussi décevant. Les
missions chez les « sauvages » échouent. En 1797, le nombre de chrétiens
de la mission a baissé à
25.000. La roi déclare la même année n’avoir que du « mépris et de
la haine pour le Christianisme ».
L’évêque demande à Rome une
adaptation de certains rites pour mieux propager la foi :
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la pratique de la liturgie en langue chinoise et non latine,
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des tenues religieuses différentes, car elles provoquent l’ironie
voire le ridicule.
Mais c’est surtout l’interdiction du culte
des ancêtres, pratique largement répandue dans tout le pays, que souhaiterait
revoir l’évêque. Il propose de l’adapter à la religion
catholique en le transformant en « honneur à la mémoire des aïeux ». Malgré une lourde correspondance sur ce
sujet, Rome refuse. « Nous raffinons trop…cela finira par la ruine complète
de la religion ici » déclare l’évêque. Le culte des ancêtres ne sera
finalement accepté par Rome
qu’en 1932 et officiellement en 1964.
C’est donc face à toutes ces
difficultés que s’éteint l’évêque en 1799, après plus de 29 ans de
vicariat apostolique.
Lorsqu'en 1859 la France planta
son drapeau en Cochinchine, elle y retrouva le tombeau de l'évêque, qui fut
restauré. Le 10 mars 1902, suite à la volonté de Paul Doumer, une statue de
l'évêque d'Adran fut inaugurée sur la place de la cathédrale.
La maison natale de l'évêque à Origny-en-Thiérache est transformée
en musée le 1er juin 1914. Elle est ouverte lors de la journée des Monuments
Historiques.
Quelques objets de la collection du musée d'Origny
Représentation théâtrale à Saigon en faveur d'un emprunt à la fin de la 1er guerre mondiale |
Le démantèlement du tombeau à Saigon en 1983
En 1983, les autorités de la ville d'Ho Chi Minh Ville éprouvent le besoin soudain de vider le cimetière français de la ville et de raser le tombeau de l'Évêque. Malgré d'intenses sollicitations de la part du consul de France, le tombeau du grand père ("Lang Cha Ca") est détruit le 1er mars devant une foule d'opposants difficilement contenue par les forces de l'ordre. Rien ni personne ne pourra s'opposer à la destruction au marteau piqueur de l'épitaphe composée par Gia Long lui même. L'exhumation du cercueil donna néanmoins du fil à retordre aux autorités. Elle dura 2 jours en raison de la solidité de l'ouvrage. A son ouverture, la foule découvrit un magnifique cercueil en bois précieux laqué de rouge et d'or. A l'intérieur, le corps du prélat reposait dans toute sa splendeur. Les restes furent incinérés puis placés dans une urne. Deux jours plus tard, ils prirent la route de la France à bord de la Jeanne d'Arc, en compagnie des restes de Francis Garnier et d'Ernest Doudard de Lagrée.. Une partie de ses cendres repose aux MEP, le reste dans son village natal. Lire le récit complet dans le livre "Les Portes d'Annam" de FX Landrin.
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Détail du tombeau de l'Evéque |
Source :
-
Fiche des MEP,
-
La
vie tourmentée
de l’Évêque d’Adran, de Taboulet, 1940
Pigneau de Behaine, Alexis Faure, 1891
et surtout l'aide précieuse de François Xavier Landrin !