Les Amantes de la Croix

 

A la différence des congrégations des Sœurs de Saint Paul de Chartres ou des Sœurs de la Providence, l'ordre des Amantes de la Croix a été créé au Vietnam.

 

 

Son histoire est en revanche intimement lié aux Missions Étrangères de Paris, puisque c'est Mgr Lambert de la Motte, cofondateur des MEP, qui institua cette congrégation religieuse féminine en 1670. C'est lui qui choisit le nom des "Amantes de la Croix". L'objectif était de donner des religieux apostoliques autochtones aux missions de la péninsule indochinoise. Avant cette date, il n'y avait pas de religieuses proprement dites. Les deux tonkinoises, Mme Agnès et Mme Paule qui présentèrent leurs vœux de religion à l'Evéque furent les premières du pays. 

 

 

Cet ordre est ainsi la plus ancienne congrégation religieuse féminine du Vietnam.

 

Les 5 points suivants sont fixés comme objectifs par le fondateur:

 

1.     Unir leur vie pénitente au Sauveur du monde pour demander la conversion des infidèles.

2.     Instruire les filles du pays.

3.     Prendre soin des femmes et filles malades.

4.     Baptiser les petits enfants moribonds.

5.     Tirer les femmes et les filles débauchées de leur mauvaise vie.

 

La congrégation ou plutôt les congrégations des Amantes de la Croix sont de droit diocésain, ce qui signifie qu'elles dépendent directement de l'évêque du lieu. Leur activités s'étendent à tous les domaines de la pastorale et de la vie sociale, pour autant que cela leur est permis aujourd'hui au Vietnam: activités paroissiales, aides sociales, crèches et écoles maternelles...

Les Amantes de la Croix sont aimées de la population, des chrétiens comme des non-chrétiens. Elles vivent parmi les gens, aussi simples et pauvres qu’eux. De plus, par leur mission, elles rendent service aux autres : service pour l’Église du Vietnam avec le clergé, service auprès des chrétiens et service dans la société.  

 

Pour les reconnaître, c'est simple, elles sont toujours en noir.

 

Développement de la congrégation

 

La Congrégation des Amantes de la Croix s’est rapidement développée au Vietnam. Trente ans après leur fondation, à la fin du XVIIème siècle, on compte plus de cent religieuses au Nord et quatre couvents au Sud. En 1780, au Nord, il y a 26 couvents avec de 250 à 300 religieuses, et au Sud, 10 couvents avec de 100 à 120 religieuses

 

Les religieuses ne sont pas autant exempts de difficultés, d'abord liés aux rivalités entre les ordres missionnaires présents (jésuites portugais, dominicains et franciscains espagnols, augustins et barnabites italiens et missionnaires français), mais aussi en raison de la persécution systématique des catholiques au cours du début du XIXeme siècle. Ainsi « Durant les cinq années qui s’étendent de 1857 à 1862, cent quinze prêtres vietnamiens ont été mis à mort, soit un tiers du clergé ; tous les couvents des Amantes de la Croix et de tertiaires régulières dominicaines ont été détruits et leurs communautés dispersées, soit environ quatre-vingts couvents et près de 2000 religieuses ; une centaine de religieuses peuvent être considérées comme des martyres."

 

La colonisation à partir de 1859 met fin au temps des persécutions. Cependant toute l’Église du Vietnam est gouvernée par les Européens, prêtres et évêques, qui sont enfants d’une époque où l’esprit colonialiste est « normal ». Les religieuses des Amantes de la Croix doivent souffrir un peu d’être délaissées par l’arrivée massive des congrégations françaises comme les Soeurs de St Paul de Chartres (1861), les Carmélites (1861), les Soeurs de la Providence de Portieux (1878), les Religieuses de N.D. de Mission (1924), les Filles de Charité (1928)...

 

Au XXè siècle, deux événements historiques vont encore beaucoup modifier le visage de leur Congrégation, ce sont l’exode de 1954 et l’unification du pays en 1975. 

Après les accords de Genève en 1954, toutes les congrégations des Amantes de la Croix qui sont alors au Nord, ont des religieuses qui partent au Sud, avec ou sans permission de leurs évêques. Elles s’établissent au Sud, surtout à Saigon, où elles se groupent en communautés, portant toujours le nom de leur diocèse d’origine : Hànôi, Phat-Diêm, Thai-Binh (Tân-Lâp), Thanh-Hoa, Bac-Ninh.

 

La réunification du pays en 1975 a les mêmes conséquences pour les Amantes de la Croix que pour les autres congrégations: recrutement des nouveaux membres est contrôlé ou interdit, plusieurs établissements sont confisqués, les déplacements ou nominations des membres deviennent difficiles…

L’arrivée des communistes au Sud en 1975 déclenche immédiatement un nouveau mouvement d’exil qui est, pour cette fois, vers les pays étrangers : les États-Unis, le Canada, la France, l’Australie et autres pays libres.  Celles qui restent sur place connaissent la pauvreté extrême, surtout de 1975 jusqu’à 1986, l’heure de « dôi moi » (la « perestroïka » vietnamienne).

 

Etat actuel de la congrégation

 

Les Amantes de la Croix sont plusieurs milliers, sans doute autour de 5000.

 

Aujourd’hui, il y a vingt-quatre congrégations vietnamiennes des Amantes de la Croix : vingt-trois au Vietnam, une aux États-Unis, trois en Thailande et deux au Laos. 

 

Au Vietnam, le nombre des Amantes de la Croix représente un tiers des religieuses du pays. C’est la Congrégation féminine la plus nombreuse dans l’Église du Vietnam, par rapport à la soixantaine d’autres Congrégations féminines présentes. Elles sont présentes dans tous les diocèses.

L’événement politique de 1975 va faire apparaître dans plusieurs pays du monde des communautés des Amantes de la Croix vietnamiennes dont la majorité se trouve aux États-Unis, dont la plus importante est celle de Los Angeles.

 

D'autres nombreuses petites communautés se forment en dehors du Vietnam :

            Aux États-Unis : sept communautés (Thai-Binh, Cho-Quan, Hànôi, Huê, Qui-Nhon, Thanh-Hoa et Vinh)

            En Australie : une (Bac-Ninh)

                        Au Taiwan : une (Dàlat)

                        En Norvège : une (Qui-Nhon)

                        En Belgique : une (Thu-Thiêm)

                        En Allemagne : deux (Phat-Diêm et Thu-Thiêm)

                        En France : trois (Hànôi, Huê et Saigon)

                        En Italie : deux (Phat-Diêm et Huê)

 

 

La congrégation du Thu Thiem (Saigon)

La congrégation est située juste en face du quartier 1 de Saigon, non loin des bords de la rivière, dans le quartier de Thu Thiem. On voit d'ailleurs la croix de la chapelle lorsqu'on déambule le long de la rivière, coté centre ville. La fondation de la Cté date de 1840. Plus de 330 religieuses et sœurs vivent ici. 

La chapelle    

 

Les bâtiments ont été construits entre 1920 et 1935

 

Au pied d'un tamarinier d'époque, une dalle rappelle la création des lieux, 1840, soit 19 ans avant l'arrivée des français à Saigon.

 

La chapelle. Première messe à 4h30 le matin, 5h le dimanche. L'horaire des messes peut étonner. En réalité, cela répond simplement à une habitude du pays de se lever tôt, pour des raisons climatiques.

 

Le cimetière des religieuses ; depuis quelques années, elles sont incinérées et leurs cendres sont conservés sur place.

 

Merci aux Sœurs Marie Nguyen Thi Bich et Héléne Nguyen Thi Thua de m'avoir consacré un peu de temps pour la visite ! 

 

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