Le Mékong à Khône

 

Description par Paul Doumer, lors de sa prise de fonction comme Gouverneur de l'Indochine, en 1897

"Les rives du Mékong au dessus des rapides, plus définies et resserrés qu'en aval, sont d'une merveilleuse beauté. Des arbres énormes, aux essences variées, aux feuillages de toutes les nuances de jaune clair au vert sombre, aux fleurs éclatantes, font un encadrement au fleuve qu'on ne se lasse pas d'admirer. C'est beau , gracieux ; c'est grandiose surtout. Tout est gigantesque, hors de proportion avec ce que nous avons l'habitude de voir dans les pays tempérés. La nature tropicale est, au Laos, dans son plein épanouissement , dans sa force sans mesure et sans frein. La richesse sort de terre sous toutes ses formes; mais les obstacles qui s'opposent à son exploitation  par l'homme sont en proportion des bénéficies à en titrer. La lutte ne sera égale que lorsque les puissants moyens d'action de la civilisation européenne seront mis en oeuvre, à coup de millions."

"Un des hôtes du Mékong, qui en peuple et orne en bien des points le rivage, est le crocodile. On le voit, en passant, qui fait sur la terre une lente et hygiénique promenade, ou qui dort paisiblement au bord de l'eau, à l'ombre de la forêt. Immobile, on le confond parfois avec l'un des nombreux troncs d'arbres que le fleuve a rejetés. Un coup de sifflet du bateau ou quelques coups de fusils tirés par des passagers permettent de faire la différence. Ces prétendus arbres s'animent au bruit et au chic et se hâtent de chercher au sein des ondes une paix que les humains troubleront difficilement."

"Le nombre de crocodiles s'accroît quand on approche de l'île de Khône, point terminus de notre navigation. [..] Ils règnent en maître dans cet endroit désert, d'une noble et sauvage beauté. La chaloupe à vapeur des Messageries Fluviales vient seule les troubler, à la saison des pluies, pendant quatre ou cinq mois dans l'année, et une fois seulement par semaine."


 L'arrivée de Paul Doumer à Khong en 1897

 

"A partir du jour ou j'arrivai à Khone, un bruit nouveau pour l'ouie d'un crocodile devait se faire entendre. J'inaugurais, en effet, le chemin de fer de quelques kilomètres qui traverse l'île du nord au sud. Aucun moyen de transport par eau n'existant et ne semblant pouvoir exister jamais entre les 2 biefs du Mékong, au dessus et en dessous de l'île de Khône, le chemin de fer porte les marchandises, de l'embarcadère des bateaux de Khône sud à celui de Khone nord, et vice versa. On a eu la délicate attention de donner mon nom à la locomotive chargée de faire le service. Ma filleule, personne robuste, noire, bruyante, haletante, fumant comme tout un corps de garde, m'a fait faire, cependant, très délicatement le court voyage, son premier officiel, vers le Mékong Supérieur. Le chemin de fer traverse la forêt qui couvre toute l'île de Khone de ses arbres énormes. Les bêtes sauvages seules la peuplent. La Cie de navigation qui va exploiter le petit chemin de fer a du faire venir ici son personnel de la Cochinchine et du cambodge. Il est concentré aux deux extrémités de l'île, aux stations fluviales de Khône Nord et Khone Sud, qui sont maintenant aussi les stations extrêmes et unique de la voie ferrée."

("L'Indochine Française" , Paul Doumer, souvenirs de 1897-1902)


 Chemin de Fer sur l'île de Khône

 

"Khône marque la séparation entre le Mékong inférieur, qui va de là à la mer, et le moyen Mékong, dont les deux biefs s'étendent jusqu'en amont de Vientiane. On a vu ce qu'était le Mékong inférieur. Sur un 1er parcours de 200 km, son lit est resserré, encombré de rochers qui forment des rapides difficiles à franchir ; il n'est navigable pour les bateaux à vapeur que dans la saison des pluies ou ses eaux s'élèvent considérablement et inondent la campagne. Au dessous, il coule paisiblement dans un large lit divisé à partir de Pnom Penh en deux bras qui portent ses eaux à la mer. Cette dernière partie, longue de 500 kilomètres, et toujours navigable."

"L'interruption de la navigation au grand barrage du fleuve, à Khone, produisait un engorgement. Il était sensible surtout pour les marchandises descendant le Mékong, plus nombreuses et plus encombrantes que celles montant au Laos. C'étaient du riz, des peaux, des bois s'essence recherchées, que le service des Messageries avait quelques peines à écouler aussi vite qu'elles lui arrivaient sur Pnom Penh, Saigon et la mer."


Carte des chutes de Khône, en 1925 (Maspuech)

Débarcadère de Khône Sud

Au bout des 6.5 km de la ligne, le débarcadère et ce qu'il en reste.

 

2949.JPG (286107 octets)

Le pont

Deux îles reliées par un pont : Don Det et Don Khon. Un havre de paix pour les touristes, principalement routards à cet endroit. Des paillotes sur pilotis, en bordure du fleuve, accueillent leurs hôtes pour 2 ou  3 dollars. Pas d’électricité ici et la salle de bain, c’est le bord du fleuve. Mais quoi de plus agréable que d’observer les scènes de pèches, allongé confortablement dans un hamac… 

    

Débarcadère de Khône Nord

La ligne a été abandonnée au cours de la 2eme guerre mondiale. Les rails ont été démontés progressivement par les habitants pour en faire des clôtures ou faciliter le passage de certains dénivelés.

2947.JPG (224255 octets)
 

Don khon

A proximité du pont, quelques bâtiments de l'époque coloniale y subsistent encore : l'ancienne gendarmerie, le poste de douane, la Poste et une sala (maison d'accueil pour les voyageurs). 

La Sala, surperbement remise en valeur, est à présent un restaurant

Intégré à l'école, les autres vestiges de la présence française, douane et gendarmerie

 

 

Cette maison de l'époque coloniale appartient toujours à la même famille. 


Sur l'île, quelques tombes disséminées...

Sommaire