Le Laos vers 1900

 

L'ancien Commissaire du Gouvernement au Laos, De Reinach, a constitué une monographie sur le Laos en 1901.

Les textes et les images présentés ci dessous proviennent de cet ouvrage très complet. 


Monographie sur le Laos de Reinach

 

 

 

Le passage des chutes de Khônes

La grande affaire de la fin du XIX iéme siècle, c'est la volonté farouche de réussir à remonter le Mékong de bout en bout. La navigabilité de ce fleuve est en effet perçu comme stratégique tant pour la présence de la France dans les territoires qu'il traverse, que pour le commerce.

Francis Garnier procédera a de nombreuses reconnaissance de la zone du bas laos. Il estime cependant impossible le passage des chutes de Khone.

La difficulté du passage des rapides lors des hautes eaux tient surtout à la force des courants face à la puissance limitée - à cette époque- des bateaux à vapeur.


 Chemin de Fer sur l'ïle de Khone

 

 


La chaloupe "La Garcerie" dans le bassin d'échouage de Khone Sud (1898)

 

 


Le passage - délicat - de la chaloupe "Trentinian" à travers l'île de Khone

 

 

La chaloupe "Garcerie" sur les rails de l'île de Khone !

 Pendant 2 ans, la chaloupe "Argus" tentera de franchir les passes, mais sans y parvenir à cause de son trop grand tirant d'eau, de son instabilité et de son manque de vitesse.

La chaloupe "Argus" entre Tat-Vaï et Tat Liou, en 1891 

 


 L'arrivée de Paul Doumer à Khong en 1897

 

 


Chaloupes de l'Administration Française : le "Haiphong" et le "Ham Luong" 

 

 


 Carte des voies navigables au Laos, et notamment du Mekong, en 1900

 Legendes

 

 

 


L'agence des Messagerie Fluviale de Luang Prabang 

Instruction publique

"Au budget de 1900, une somme de 13.750 francs est inscrite pour l'instruction publique. Cette dépense est minime et cependant, les résultats obtenus dans les écoles franco-laotiennes sont satisfaisants. Voici d'ailleurs ce que dit le Résident Supérieur :

"Des écoles primaire, ou les éléments de la langue française sont enseignés aux indigènes, fonctionnent à Luang Prabang, à Ventiane, à Khong et dans tous les chefs lieux de province. Les élèves sont dégrossis par un interprète chargé de se service, pour lequel une rémunération est prévue. Les élèves les plus intelligents sont, dès qu'ils savent lire et écrire couramment, envoyés à Saigon au collège Chasseloup-Laubat, ou ils continuent à étudier pendant deux ou trois ans pour se perfectionner. Par ce système, au aura d'ici peu un bon cadre d'interprètes pour l'administration et les entreprises particulières."

Certains élèves des écoles primaires du Laos ont même été envoyés à l'École Coloniale de Paris."

 

 


Une pagode à Khone

 

 

La ville de Savannakhet


 L'agence des Messagerie Fluviale à Savannakhet

 

 

Dépendances des Messagerie Fluviales à Savannakhet

 


 Une rue à Savannakhet

 

 


Les ruines de Hueun-Hin, entre Kemmarat et Savannakhet

 

La pêche

"Les rois du Mékong sont les Pa-Leum, le Pa-Sa-Hô, le Pa-Kheung, le Pa-Kai et le Pa-Khoum, dont le poids varient entre 35 à 200 kilos. Ils viennent frayer chaque année, soit entre Vientiane et Luang Prabang à 2000 km de la mer pour le Pa Beuk, et pour le Pa Leum, au dessus de Xieng Khong, à plus de 2600 kilomètres. Les deux points du Mékong ou, du milieu de février au milieu de mars, les Pa-Beuk se réunissent au moment du frai, sont situés pour le 1er, un peu en aval de Ban-Sam-Pan-Na (au dessus de Vientiane), exactement au Keng-Hang, et le second, un peu au-dessus de Pak Lay, au Noug-Keo. "

Des centaines de pirogues se réunissent pour les attendre ...


 Sept hommes pour porter le roi du Mékong, le Pa Beuk

 

Missions apostoliques

"Les missionnaires, qui tentent d'évangéliser les peuples du Laos, appartiennent tous aux Missions Étrangères de Paris. Les uns relèvent de l'évêque de Bangkok, ce sont ceux que l'on rencontre sur les bords du Mékong ; les autres relèvent de l'évêque de Binh-Dinh (Annam), ce sont ceux qui sont dans les montagnes qui séparent le Laos de l'empire annamite.

Les missionnaires ont notamment crée une chrétienté à Bassac, dont la plupart des chrétien sont d'anciens esclave qu'ils ont rachetés et libérés. D'autres chrétienté à Tha-Khek, à Pat Choum et à Pat Sane (Ventiane)."

 


 Mission catholique à Bassac

 

 

La mariage au Laos

"Le mariage au Laos est préparé de longue main, grâce à la liberté dont jouissent les jeunes gens des deux sexes. Ceux ci se retrouvent à chaque fête peuvent communiquer leurs sentiments réciproques et décider, en toute liberté, le principe de leur union future. Les inclinaisons naturelle sont rarement contrariées par les parents. Aussi, est ce plutôt pour la forme et par  un sentiment de respect que le jeune homme, après entente avec sa fiancée, fait faire par un homme agé sa demande aux parents de sa future. D'autre part, les coutumes laotiennes établissent le chiffre de la dot que les jeunes gens, suivant les conditions sociales, remettre à leurs beaux parents, les jeunes filles à marier n'encouragent que ceux qui sont en état de fournir cette dot.[..] Au jour dit, le fiancé se rend, accompagné de ses amis et de musiciens, chez les parents de sa future épouse, auxquels il remet la somme convenue pour sa dot ainsi que des vêtements, bijoux et cadeaux divers qu'il lui a plus d'ajouter. En signe d'hommage, il remet également à ses beaux parents des bougies de cire et des fleurs, qui souvent sont accompagnés de victuailles diverses, d'alcool de tabac etc..

Le contrat de mariage est aussitôt dressé en présence d'un mandarin et de notables du pays.[..] (on liste très précisément la valeurs des biens apportés en dot)

Enfin le festin a lieu. Devant une sorte d'autel dressé au milieu de la maison, sont placés, sur un plateau de cuivre, un cochon de lait, une poule, un coq, deux bols de riz cuit, deux oeufs dur, deux petites jarres contenant de l'alcool, une poignée de fils de coton et des bougies de cire allumées.[..]

Les bracelets sont considérés comme devant être des "fétiches de bonheur". [..]

Cependant, il est des cas ou le nouveau marié ayant une maison installée, emmène sa femme chez lui, après la cérémonie du mariage. Les nouveaux époux sont accompagnés alors de leurs amis. Les jeunes gens prennent des instruments bruyants avec lesquels ils fonts grand tapage ; 

Dès l'arrivée au logis, une fête a lieu ou l'alcool n'est pas ménagé et pendant laquelle la jeune femme court s'enfermer chez elle pour échapper aux propos très grivois tenus par les assistants, quelques peu ivres à la suite des nombreuses libations."

Polygamie

"Quoique la polygamie ne soit pas de règle au Laos, elle y est admise par les usages et les seules limites qui existent quant au nombre de femme que peut posséder un même homme sont l'étendue de ses ressources et de don goût personnel pour devenir le mari d'un plus ou moins grand nombre d'épouses.

Les unions infécondes étant considérés comme une punition du ciel, et les tares physiologiques échappant à la compréhension des laotiens, le mari qui n'a pas d'enfant a le choix entre deux moyens :

- répudier l'épouse inféconde. Il doit alors lui abandonner les caquets et restituer la moitié de la propriété commune,

- garder cette épouse et en prendre une seconde.

Cette deuxième solution est la pratique habituelle. Dans ce cas, la 1ere femme a autorité sur l'autre femme qui devient presque son esclave. [..]

Dans le classe des nobles, et dans les familles dites princières, la polygamie est de règle et presque obligatoire pour le prestige, qui exige, suivant le rang, un nombre de concubines plus ou moins considérables.

L'Amour

Baiser - rachat des offenses amoureuses 

"Les laotiens, comme la plupart des peuples de l'Extrême- Orient, ne pratiquant pas le baiser, du moins à la façon européenne. Ils se frottent leur nez contre l'épiderme de leurs enfants ou de leurs femmes en reniflant d'une façon plus ou moins bruyante. Bien que les mœurs nous semblent excessivement libres et que leurs propos, leurs chants ou leurs gestes frisent souvent ce que nous appelons l'obscénité, il ne faudrait pas en conclure que les laotiens sont impudiques ou cyniques, de parti pris. Ils ont instinctivement soin d'être toujours décemment couverts surtout en public.  Il ne résulte rien de choquant, pour la pudeur, si les vêtements sont par hasard en désordre, ou même s'ils les enlèvent complément, comme au bain. On peut dire que les laotiens des deux sexes éprouvent la plus grande répugnance à se dévêtir quand ils se sent observés.

S'il est vrai que, dans les fêtes, on promène des "phallus" en faisant des gestes suggestifs, et que l'on tient à cette occasion des propos très licencieux, il faut se rappeler que tous ces actes sont un reste du paganisme ou l'on glorifiait l'organe male  [..] 

Le sentiment de la pudeur est si bien une réalité au Laos, malgré les apparences contraires, que les lois édictent des peines relativement considérables pour punir les attouchements publics entre les individus des deux sexes. Ces pénalités varient suivant les actes commis qui sont classés en trois catégories : 

- Prise de la taille, baisers, 

- Prise des seins, attouchements, 

- Viol complet

La prison, les châtiments corporels et les amendes sont les peines appliqués aux délinquants; elles varient d'importance suivant le rang de la fille ou de  l'épouse. La condamnation est prononcé par les tribunaux sur la seule affirmation d'un témoin.

Les amendes, versées par les galants trop entreprenants et pas assez discrets, sont destinées à faire soit aux "phis" protecteurs des victimes, soit aux esprits ou aux génies de leur pays, ou de leur maison des offrandes accompagnés de sacrifices.

Le divorce

"Les inclinations naturelles étant rarement contrariées au laos, et le divorce étant, d'ailleurs, des plus faciles par simple consentement mutuel, les cas d'adultères sont excessivement rares. 

Par contre les divorces sont nombreux.

Si un mari reste plus de 3 ans absent sans donner de ses nouvelles, le divorce est acquis de droit en faveur de la femme. Lorsque les époux ont assez de l'existence commune, ils se quittent en se partageant les acquêts de la communauté, en dehors de leurs apports que chacun reprend. La femme qui veut divorcer dépose sur le lit commun un bouquet et deux bougies de cire.

Le plus souvent, le mari laisse sa femme libre de le quitter et ne s'adresse à la justice que pour obtenir la restitution de la partie des biens communs que sa femme aurait indûment emportée. 

La femme adultère est à la discrétion de son mari qui peut demander l'application de la "peine royale", c'est à dire soit la mort, soit l'emprisonnement perpétuel. Il peut aussi se contenter d'une amende. C'est d'ailleurs toujours l'amende que réclame le mari outragé. L'amende frappe les deux coupables, la femme adultère et son amant. Cette amende vari, suivant les régions entre 170 et 300 francs."

Au bout de la 3eme fois, c'est le mari qui est puni, car il est jugé coupable de ne pas avoir surveiller sa femme !

L'esclavage au Laos

Éclairage intéressant sur cette pratique au Laos et le rôle de la France dans la lutte pour sa suppression.

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