Le cimetière des Français à Hué
Le cimetière des français de Hué est resté sur son emplacement initial jusqu'en 2006, date à laquelle les tombes ont été transférées à l'extérieur de la ville. Les 343 tombes constituent un témoignage unique sur la période française, depuis l'époque des officiers français au service du roi Gia Long (avec la tombe de Godefroy de Forcanz) jusqu'aux événements douloureux des années 40.
Les premiers cimetières militaires
Plusieurs cimetières ont été crées à partir de 1883. Les militaires furent d'abord entérrés face à la pointe de Mang Ga (122 tombes), puis au cimetière des zouaves (266 tombes) puis, à compter de 1886, au cimetière du Mirador, lui aussi proche de la point de Mang Ca. En 1928, ce cimetière contenait environ 200 tombes. Les premières années furent particulièrement fatales pour les militaires, ce qui explique le nombre élevé de tombes. En plus des combats liés à la conquête, puis la pacification, les militaires eurent à faire face au paludisme, à l'insalubrité des habitations, aux épidémies et aux connaissances médicales limitées.
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L'emplacement des cimetières militaires (Ass. Amis du Vieux Hué, bulletin de 1929)
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Suite à l'accord de 1986 entre la France et le Vietnam, les corps ont été rapatriés à Frejus.
Le cimetière de Phu Cam
Les premiers fonctionnaires furent enterrés au cimetière de la chrétienté de Kim Long, puis au cimetière de la concession jusqu'en 1904. Un cimetière européen fut finalement crée en 1904 derrière la cathédrale de Phu Cam.
Ce cimetière renfermait les tombes les tombes de fonctionnaires et de commerçants français auxquelles s’étaient ajoutées des stèles rapportées d’autres cimetières abandonnés contenant les restes des premiers Européens installés en « Annam ».
Beaucoup de militaires morts pour la France, vietnamiens et français, avaient été enterrés à la hâte dans ce cimetière civil pendant les tourmentes du coup d’état japonais (1945), du siège de Hué (fin 1946, début 1947) ou de la guerre d’Indochine, parfois avec une simple mention ou un numéro de matricule.
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L'ancien cimetière de Phu Cam (photo FX Landrin) |
Ce cimetière est resté en l'état jusqu'en 2006, échappant à l'accord de 1986. La raison de cette exception tient sans doute au fait que le périmètre de la cathédrale, sa procure et le cimetière attenant étaient sous l’autorité d’un Délégué Apostolique représentant le Vatican. Son caractère d’extraterritorialité l’a donc préservé d’une « première » exhumation.
Le transfert du cimetière
L'état
d'abandon du cimetière et le souhait des autorités locales de récupérer le
terrain a abouti au transfert du cimetière sur la commune de Thuy Phuong, à 14
km au sud-ouest de Hué.
L’Ambassade de France - qui a subventionné l’ouvrage - et les autorités de la province, ont trouvé là, après des années de pourparlers, un site idéal de sérénité au pied de la chaîne annamitique. Les nouvelles stèles ont été mises en place, en pierre de taille.
Le transfert a eu lieu en 2006.
L'ancien cimetière a été transformé pour partie en jardin public. Un lycée s'est construit sur le reste du terrain.
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Pour se rendre au niveau cimetière
Vous trouverez ci joint le plan d'accès. A noter néanmoins qu'il n'y a plus aucun fléchage et que s'y rendre ressemble parfois à un jeu de pistes...
L'Association des Amis du Vieux Hué a beaucoup oeuvré en 2012 pour la restauration des épitaphes. L'AAVH est l'association mandatée par le Ministère de la Culture et les autorités de Hué pour restaurer les épitaphes. Ce travail sera terminé en 2013. Pour toute information complémentaire, vous pouvez contacter l'AAVH qui est en possession des archives et des actes relatifs aux Français enterrés au Cimetière de Thuy Phuong.
Seules les tombes avec une épitaphe lisible ont été photographiées.L'analyse des épitaphes montre une grande proportion de fonctionnaires ou assimilés. Ce qui n'est pas surprenant dans la mesure où les entrepreneurs privés étaient peu nombreux en Indochine, et spécifiquement à Hué. La proportion des enfants est presque d'un quart de l'effectif. Les militaires morts au combat, notamment lors des événements de 46-47 sont une vingtaine. A noter également que de nombreuses tombes sont anonymes, faute d'identification possible lors du transfert.
La tombe de Godefroy de Forsanz
De Forsanz fait parti des officiers Français qui ont rejoint l'Évêque d'Adran pour venir en aide au futur roi Gia Long.
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à gauche, la tombe du nouveau cimetière ; à droite, celle de l'ancien cimetière (photo François xavier Landrin) |
Breton né en 1770 au château de Caslou, à Montauban-de-Bretagne. Jeune officier de la marine royale, cousin de Châteaubriant (leurs grand mères étaient sœurs), il quitte la France en 1788 et n’y reviendra jamais. Arrivé dès 1789 en Cochinchine, il prend le commandement du vaisseau l’Aigle volant et participe à toutes les campagnes du prince Nguyên Anh (futur roi Gia Long). Il assiste à la bataille de 1801 contre les Tay Sơn et brûle à lui seul 7 navires. Devenu mandarin sous le nom de Nguyên Van-Lăng, il reçoit le titre de Marquis de Lăng-Dưc et le grade de « général de régiment des armées impériales ». Il meurt à Hué en 1811 et y est enterré avec tous les honneurs dus à son rang. Il repose aux côtés de sa femme vietnamienne, de sa fille et de l’un de ses trois fils. Ses descendants ont fait souche au Viêt-Nam (d'après "les Portes d'Annam", de FX Landrin). Godefroy de Forsanz vivait dans le quartier de Bao Vinh, sans qu'on sache précisément à quel endroit.
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La tombe d'origine de Forsanz
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La tombe de Mme Chaigneau et ses 6 enfants
Jean Baptiste CHAIGNEAU du BAIZY est Breton, né à Lorient en 1765. Petit-fils du maire de Lorient et fils d’un capitaine de la compagnie des Indes, il s’engage d’abord comme volontaire dans la marine royale dont il finit par démissionner. En 1791, il embarque sur la Flavie, frégate envoyée par un armateur privé à la recherche de La Pérouse. Alors que son navire est bloqué et désarmé par les Anglais au large de Macao en 1794, il apprend que son vieil ami d’enfance Laurent Barisy est passé au service du roi de Cochinchine et parvient à rejoindre son compatriote à Saigon. Commandant du vaisseau le Dragon volant, il participe aux campagnes navales du prince Anh, de 1796 à 1802. Devenu mandarin, sous le nom de Nguyên Van-Thang, créé Marquis de Thang-Tài et nommé général de régiment en 1802, il est envoyé en France par le prince devenu empereur Gia-Long en 1819. Revenu au Viêt-Nam en 1821, avec le titre de consul de France à la cour de Hué, il en est définitivement chassé par le nouvel empereur Minh-Mang en 1825. Il décède à Lorient en 1832 à l"age de 63 ans et repose au cimetière de Carnel aux côtés de sa seconde épouse Hélène Barizy.
En photo, la tombe de Mme Chaigneau et ses 6 enfants au nouveau cimetière (photo 2007), le plan de la tombe originelle, et un portrait de JB Chaigneau (source BVH).
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J.-B. Chaigneau se maria deux fois, une première fois, dans l’église de Tho-Duc à Hué, avec Benoîte Ho-Thi-Hue, le 10 Août 1802, et une seconde fois, le 15 Janvier 1817, en l’église de Phu-Cam, avec Hélène Barisy ; ce fut Mgr. Labartette qui bénit les deux mariages ; du premier lit naquirent 11 enfants, dont celui qui intéresse le plus la Colonie est Michel Duc Chaigneau (auteur du livre "Souvenirs de Hué' paru en 1867) ; le second mariage donna 6 enfants.
Chaigneau fit l’acquisition « d’une habitation dans les environs de Hué, à un kilomètre de l’enceinte fortifiée où se trouve la résidence royale et à une égale distance du village chrétien de Phu-Cam" (d'après Duc Chaigneau), le long du canal du même nom.
MM. Chaigneau et Vannier avaient épousé, dès leur arrivée à Hué, deux Annamites chrétiennes, les deux soeurs. La date de la mort de Mme Chaigneau n'est pas connue avec précisions. Elle est morte au cours d'un accouchement. Les noms des 6 enfants décédés sont les suivants : The, Phuoc, Dang, Sanh, Huu, Nghi (voir illustration). Les autres enfants ont été emmenés en France lors du 1er voyage de Chaigneau en 1919.
(d'après Fx Landrin et les bulletins de l'Ass. Amis du Vieux Hué)
Liste des autres tombes
Personnes liées au secteur public (adm, chemin de fer, TP, PTT, douanes, Pont et Chaussée ...)
Maurice Graffeuil, Résident Général à Hué, entre 1934 et 1940, mort en 1941
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Geffroy 1908 Gruault 1908 Chetelain1911 1911
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Leveneur 1919 Gremont , 1919 Guisset 1920
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Marcantetti 1937 Domec 1938 Lugan 1939 Bardon , 1940 Hauer 1940
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Delacrose 1941 Verhack 1942 Garance , 1943 Chenevier 1945
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Personnes liées au secteur privé
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Enfants
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Tombes diverses (conjoint, sans indication sur l'épitaphe...)
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Tombes de religieuses
Tombes de militaires