Ham NGhi   contexte et histoire   

 

La France a commencé à s’intéresser à l’Indochine sous Louis XVI lorsque Mgr Pigneau de Behaime, missionnaire jésuite, vint défendre à Versailles la cause du prince Nguyen Anh, seul survivant d’une dynastie qui venait d’être déchue. Grâce à l’aide des français, Nguyen Anh devient empereur en 1802 sous le nom de Gia Long et réunifie le pays après 2 siècles de divisions. La ville d’Hué est choisie comme nouvelle capitale.

Les successeurs de Gia-Long, qui meurt en 1820, n’éprouveront pas les mêmes sentiments pour la France. Ming-Mang, Thieu Tri et surtout Tu Duc renoueront avec la tradition confucéenne de conservatisme et d’isolement du pays aux influences étrangères. La persécution des missionnaires, le refus de faire commerce avec l’occident et l’intérêt grandissant des anglais pour ces territoires poussent néanmoins la France du Second Empire à s’y intéresser de nouveau. La France n’a pourtant pas de " projet colonial " : son avancé se fera par à-coups, sous l’impulsion d’une poignée d’aventuriers téméraires, parfois indisciplinés. Le rapport de force est nettement à l’avantage de la France : quelques centaines d’hommes et une poignée de canons suffisent à remporter les victoires. En face, l’absence de réformes a fini par affaiblir considérablement le pays : les moyens manquent pour administrer le pays et la désorganisation entraîne la révolte des paysans et la montée de l’insécurité. La politique d’expansionnisme au Laos et au Cambodge n’arrangent rien. Pour finir, des régions entières sont aux mains de pirates ou de bandes armées. La Cour de Hué n’a pas conscience des dangers qui l’entourent. Des événements, tels la guerre de l’opium en Chine à partir de 1839 auraient du pourtant lui servir d’avertissement.

C’est finalement la persécution de missionnaires qui fera intervenir la France dès 1847 avec le bombardement de citadelle de Danang puis la prise de Saigon en 1859. Fort de ces succès, la France obtient en 1862 la signature par Tu Duc d’un traité cédant aux français les 3 provinces orientales de la Cochinchine. Une nouvelle colonie venait de naître.

Après une première phase de résistance, la population locale finit par s’accommoder de la présence Française. La sécurité revient et les classes les plus élevés finissent par prôner une certaine coopération avec les Français, soucieux d’assurer l’avenir du pays.

En revanche, la situation ne s’améliore pas en Annam et au Tonkin. Plusieurs pays rêvent de pouvoir accéder à la Chine par les voies navigables. Tu Duc confirme pourtant son refus d’ouvrir ses territoires au commerce. Un marchand français, Jean Dupuis, décide de braver cet interdit et entreprend de vérifier lui-même la navigabilité du fleuve Rouge. Entravé dans sa démarche, tant par les pirates que par les mandarins, il finit par prendre la citadelle de Hanoi avec ses hommes. La désorganisation est telle que Tu Duc n’a plus d’emprise réelle sur le Tonkin. Les Français vont alors le forcer, en 1874, à accepter un traité de protectorat de l’Annam, permettant d’obtenir la liberté du commerce et le retour de l’ordre et de la stabilité du Tonkin. Tu Duc n’a pas eu d’autre choix que d’accepter ce nouvel accord avec les Français ; il fera tout pour ne pas l’appliquer et la situation ne s’améliore pas : les chrétiens sont à nouveau la cible des insurgés. Le manque de loyauté de Tu Duc va finalement presser les Français à reprendre Hanoi en 1882. La situation s’enlise.

La mort de Tu Duc en 1883 va permettre aux Français de précipiter les événements. A peine quelques semaines après sa mort, les Français attaquent Hué et imposent un traité de protectorat à la Cour impériale pour le Tonkin.

La Cochinchine, l’Annam et le Tonkin sont à présent sous le contrôle des français.

A la Cour de Hué, les mandarins et les régents (ceux qui gouvernent réellement) se déchirent, entre les partisans de l’arrivée d’une nation moderne dans les affaires, et ceux qui craignent de perdre leurs prérogatives.

C’est alors que commence une lutte tragi-comique pour la succession, ponctuée par des disparitions mystérieuses d’empereurs et des révolutions de palais.

Après 36 ans de règne, le roi Tu Duc, âgé de 55 ans seulement, s’était donc éteint le 17 juillet 1883. N’ayant eu aucun enfant de ses nombreuses femmes, Tu Duc avait adopté successivement trois de ses neveux, fils de deux de ses frères : le plus âgé, Ung Chan, ou Zuc Duc (Duc Duc), né en 1851, intelligent mais débauché ; puis Ung Co, ou Mê Trieu, prince Chanh Mông ; enfin Ung Dang, ou Mê Mên, prince Duong Thiên, frêre consanguin du précédent.

Le premier roi régnera 3 jours. Ce fut le prince Zuc Duc, aîné des neveux de Tu Duc. Prétextant que Zuc Duc avait falsifié le testament (une phrase avait été coupée), Tôn That Thuyet, ministre de la Cour, le fit arrêter par les garde et fit signer par les mandarins et les princes un acte déposant Zuc Duc.

Le suivant va régner 4 mois. Vang Lang est en effet élu le 23 juillet 1883, puis intronisé sous le nom de règne de Hiep Hoa. Mais les régents ne se satisfirent pas de cette nomination. Le 30 novembre, il fut forcé à abdiquer et reçut, comme le veut la tradition, le glaive, le lacet de soie et la fiole d’opium. Il choisit l’opium. Les régents nommèrent, de force, le prince Mê Men, âgé alors de 15 ans, comme roi. Il prit le nom de règne de Kien Phuc. Les deux régents pouvaient régner en maître, contre les intérêts de la France : Thuyet, brutal, toujours prêt à tuer, en charge des forces armées et Tuong, homme de talent mais corrompu et sans pitié, chargé de l’autorité civile.

Les Français, pendant ce temps là, essayaient de faire sortir l’Annam de l’orbite chinoise : ils finirent par obtenir que le sceau impérial chinois, donné en 1803 à Gia Long, sorte de plaque d’argent doré de 10cm de coté et pesant 5,9 kilos et dont la poignée avait la forme d’un chameau couché, symbole de soumission, fut fondu.

Mais Kien Phuc mourut à peine 6 mois plus tard, sans doute empoisonné.

Le trône, en principe, devait revenir au second fils adoptif de Tu Duc, le prince Chanh Mong, mais les régents, de peur de voir leur autorité disparaître avec un personnage aussi " âgé " (21 ans), choisirent le frère cadet du souverain défunt, Ung Lich, âgé de 13 ans, et le proclamèrent empereur sous le nom de règne de Ham Nghi.

     

La nomination s’était faite une fois encore sans l’accord des autorités françaises, et les relations avec la Cour de Hué s’envenimait. Les clauses du traité de 1883 n’étaient pas respectées. Des troupes françaises convergeaient vers Hué afin de faire pression sur la Cour. Le régent Thuyet décida un dernier coup d’éclat le 4 juillet 1885 : l’attaque des officiers francais au cours d’une grande fête donnée dans la légation. Non seulement l’attaque échoua, mais les francais, fort des renforts venus de métropole, écrasèrent les troupes annamites et s’emparèrent de la Cité Interdite qu’ils pilèrent. La déchéance de la dynastie et l’annexion de l’Annam était alors possible, mais Paris l’a refusa.
  

 

Le Roi, le régent Thuyet, quelques mandarins et des éléments de l’armée s’enfuirent vers le nord. Le reste de la Cour, mise à l’abris à l’extérieur de la capitale, rentra à Hué. Thuyet, au nom du roi, lança des proclamations aux lettrés et aux populations du royaume tout entier, demandant " aux riches leurs biens, aux puissants leur force et leur puissance, aux braves gens leurs bras pour reprendre le pays aux envahisseurs ". L’ensemble des sujets recevait ainsi l’ordre de se soulever pour lutter contre l’envahisseur.

Les francais sont aux trousses des fuyards, mais ils finiront par perdre leur trace au Nord du Tonkin.

L’absence de toute autorité " légitime " (le roi) embarrassait les Français. L’appel à la révolte contre la présence française ne tarda pas à se matérialiser : les massacres des chrétiens s’organisèrent dans toutes les provinces et l’on dénombra plusieurs dizaines de milliers de morts, ainsi que la destruction systématique de nombreux établissements catholiques.

Les Français reprirent les choses en main et nommèrent directement, pour la 1ere fois dans l’histoire de l’Annam, le gouvernement annamite. Bien entendu, il était favorable à la France. Des négociations furent engagés avec le reste du pouvoir annamite pour obtenir la déchéance du roi Ham Nghi. Elle fut rapidement obtenue. La question de la succession du roi fut autrement plus complexe, innombrables étant les princes de sang royal. Début septembre, la nouvelle se répandit que Ham Nghi avait succombé à la fièvre des bois au Laos. Cet événement simplifiait la situation : le roi de fait n’était plus, l’occasion était favorable pour revenir à une royauté de droit. Et c’est finalement Chang Mong, frère aîné de Ham Nghi, qui fut choisi. Le couronnement officiel eu lieu le 19 septembre 1884. Il prit le nom de Dong Khanh. Le nouveau roi, proposé par les francais, n’était pas doté d’une grande énergie, ce qui pouvait se révéler un atout pour le protectorat. Lors de son couronnement, il du se rendre à la légation de France. Suprême humiliation qu’il accepta. C’est la première fois dans l’histoire de l’Annam qu’un empereur se déplaçait pour aller chez un ministre étranger accomplir un tel " acte de vassalité ". Le palais, occupé par les francais, fut rendu au roi et à sa famille. La ville était dans un fort état de délabrement : maisons incendiées, cadavres en décomposition....

L’intronisation du roi Dong Khanh n’apporta nullement l’apaisement attendu. Le jour même du couramment, Ham Nghi - bien vivant et toujours en fuite - avait lancé une proclamation dénonçant une nouvelle fois l’envahisseur. Il y retraçait la façon dont la France, depuis un quart de siècle, avait agressé le pays, obtenu la cession des provinces et, insatiable, poursuivit la conquête. Mais, assurait-il ; " le royaume d’Annam restera aux annamite. Bien que les francais soient forts, ils ne parviendront pas à nous soumettre ". Le roi adjurait ses sujets de les combattre sans répit, en trouvant " de nouvelles ruses pour détruire et de meilleurs moyens pour combattre ces bandits ". Il leur interdisait d’avoir des rapports avec les francais, de leur vendre des vivres, de leur fournir des renseignements. Ainsi, ajoutait-il, " ils ne pourront pas gouverner ".

Cet appel n’avait fait que favoriser l’extension de l’insurrection. Elle avait gagné le sud ou les insurgés avait même réussi à pénétrer en Cochinchine et fomenter une émeute à Saigon. Le pays entier répondait maintenant aux appels du roi en fuite. Le nouveau gouvernement de la cour de Hué, sans expérience, était incapable de prendre les mesures adéquates. Les provinces n’étaient plus contrôlées et les impôts ne rentraient plus.

L’insurrection des lettrés s’était encore étendu et il était devenu évident, un mois après l’intronisation de Dong Khanh, que la " pacification " ne pourrait être obtenue qui si l’on s’emparait de l’ex-roi, dont les partisans se servaient comme d’un drapeau, d’un instrument même pour engager des actions qui dureraient probablement jusqu'à ce que le souverain soit capturé ou neutralisé. C’est vers cette objectif que toute l’action militaire française allait désormais tendre. Les français relancèrent ainsi les opérations de recherche, semant parfois dans les villages la terreur. La pacification était loin d’être acquise, au grand dam des autorités françaises.

A Paris, le cabinet Brisson décida d’instituer un régime civil dans le protectorat Tonkin- Annam. Cette décision marquait un tournant capital. L’émotion causée par les récentes révélations sur la conduite des militaires rendaient impossible la poursuite des opérations par les généraux. Paul Bert fut nommé officiellement Résident Général de la République Française en Annam et au Tonkin le 31 janvier 1886. La mise en place d’une administration civile devait laisser présager le retour de la paix et la fin du " cauchemar tonkinois ".

Paul Bert chercha à apaiser la situation en redonnait au roi davantage de prérogatives. La mise en place de structures mixtes était partout à l’œuvre. Afin d’affermir l’autorité royale, Paul Bert avait persuadé le roi de rompre avec les traditions et de se " montrer " aux populations afin de stimuler leur royalisme. On organisa une " expédition royale " qui fut un échec retentissant : boycottée par la population, objet de maints affronts, attaquée parfois en dépit d’une forte escorte, elle fut suspendue rapidement. C’était la manifestation éclatante de la force du mouvement national animé par les lettrés, de l’efficacité des directives du " groupe de Thuyet ". Ham Nghi restait le " roi national ".

Pour rétablir la paix, Paul Bert imagina alors négocier un accord avec Ham Nghi : la France s’engagerait à retirer ses troupes d’Annam et à lui abandonner la place. En échange, le Tonkin serait désormais complètement sous le contrôle de la France. Paul Bert avait rêvé, après avoir obtenu la soumission de Ham Nghi, de lui donner une sorte de principauté formée des trois provinces du nord de l’Annam, de la sécurité desquelles il aurait à répondre, déchargeant ainsi les français de la tâche d’y faire la police. La proposition fut formulée à Ham Nghi via la Cour de Hué, mais resta sans réponse.

Ham Nghi finit par être capturé en 1888.

   
Depuis la fin de l’année 1885, le roi et le cortège royal qui l’accompagnait s’étaient réfugié dans les forêts. Cependant la situation s’était peu à peu dégradée et en 1887 ,Thuyet s’en était séparé, avec une suite légère, pour gagner la chine et y demander aide et secours. Mais Pékin, depuis la convention de paix avec la France de 1887, n’était plus intéressée et ne fit pas un geste. On finit même par mettre Thuyet en résidence surveillée.

Ham Nghi était resté seul avec les deux fils de Thuyet, âgés d’une vingtaine d’années et quelques fidèles. Les Muongs, tribus de montagnards, continuaient de le soutenir.

Les français crurent 3 fois être sur le point de capturer le roi, mais celui ci parvient à s’échapper, grâce à la complicité des villages. En octobre 1888, les français finirent par apprendre que le roi fugitif se trouvait dans un petit village proche de la source du Nai, réduit à une extrême misère, pratiquement abandonné de tous et n’ayant pour soldats que quelques hommes et l’un des deux fils de Thuyet. La capture fut réalisée dans des circonstances dramatiques : Il fut livré par Ngoc, le chef des Muongs, à qui Nam Ghi avait confié sa garde. Le 29 octobre, Ngoc parti avec une quinzaine d’hommes armés d’arbalètes et de lances, parvint dans la nuit au village ou se cachait le roi. Après avoir cerné la maison, le groupe en enfonça la porte et surprit Ham Nghi et Thiep, l’un des fils de Thuyet, qui dormaient. Devant cette irruption, ils se levèrent soudain et entamèrent la lutte. Le roi fut vite désarmé et appréhendé. Thiep, voyant son souverain capturé, se jeta sur lui pour le tuer et lui épargné la honte de la capture, mais il fut tué lui même par le commando. Ham Ngi " exprima son mépris pour ceux qui le trahissaient ", puis se referma dans le mutisme le plus complet. Le 2 novembre à l’aube, Ngoc livra le roi aux officiers français.

Contrairement à ce qu’on avait supposé, il était bien portant et vigoureux. On lui avait laissé son épée et une soixantaine de pièce d’or. On l’avait assuré qu’il n’était pas un ennemi, mais le frère du roi Dong Khanh, l’ami et l’allié de la France. Mais par son attitude et son langage hostile, voire agressifs, Ham Nghi n’incita pas à des ménagements. On se borna à le traiter courtoisement, sans plus.

Comment allait on exploiter cette capture ? Et qu’allait on faire du prince ?

La première chose fut de faire savoir partout que l’ancien roi avait été capturé, de manière à ne pas voir surgir plus tard de faux Ham Nghi susceptibles de ranimer la résistance.

Une proclamation signée du roi Dông Khanh rappela alors avec force que Ham Nghi n’était plus le roi, et que l’emploi même de ce nom était strictement interdit. Il n’y avait plus que le prince Ung Lich, dont l’état de santé était malheureusement tel " qu’il convenait que le prince fut emmené en France pour y être installé et soigné ".

L’Algérie fut préféré à la métropole car on craignait que la presse française se laisse entraîner par une sentimentalité excessive et hors de propos avec Ung Lich. Des journaux pourraient faire de la politique indochinoise sur le nom du prince.

Le 16 novembre, le gouvernement francais décidait que Ham Nghi serait interné en Algérie, où une pension de 25.000 francs par an, payée par le gouvernement annamite, lui serait allouée. Il fut escorte le 21 novembre jusqu'à Thuan An, ou la canonnière la Cométe l’attendait pour le conduire Saigon. Le 12 décembre, il fut embarqué avec un interprète, un cuisinier et un domestique pour Alger. Il y arriva le 13 janvier 1889 et y fut bien traité par le gouverneur général.

La capture de Ham Nghi porta un coup fatal au mouvement de révolte. De nombreuses soumissions s’amorcèrent. Le fils survivant de Thuyet engagea ses mandarins et ses officiers à cesser la lutte et plus d’une centaine d’entre eux vinrent faire leur soumission. Deux mois plus tard, les soumissions et les défections s’étant multipliés, on crut que tout l’Annam était pacifié, si bien que les forces françaises furent allégés.

Moins de 6 semaines après, le 28 janvier 1889, le roi Dông Khanh disparaissait à son tour, et la rumeur courut qu’il avait été, comme le chef du gouvernement annamites quelques semaines avant, empoisonné.

Le roi qui venait de s’éteindre, s’il avait maintenu sa fidélité aux français, fut décrit comme violent et cruel (surtout avec la reine), et dont les goûts de luxe s’étaient soldés par un gaspillage invraisemblable et par la dilapidation du trésor impérial, hérité de Ming Manh. Un autre pillage commença, celui des domestiques qui, durant 2 jours, quittèrent le palais chargés de paquets et de caisses. Un vent de fin règne soufflait sur l’empire.

Ce décès prenait tout le monde au dépourvu. A nouveau se posait la question de la succession. Qui pouvait on choisir ? Le président du Comat (gouvernement annamite) proposa de faire revenir Ham Nghi d’Algérie afin qu’on le remettre sur le trône, ce qui pourrait mettre fin à la résistante toujours non éteinte. Les français, après quelques hésitations refusèrent catégoriquement.

La Cour désigna finalement un enfant de 10 ans, le prince Buu Lan, fils aîné de Zuc Duc, ce roi qui avait régné 3 jours. Les francais acceptèrent ce choix, se réservant celui des régents. Le nouveau roi pris le nom de Thanh Thai.

Après la mort de Paul Bert d’une dysenterie le 11 novembre 1886, d’autres gouverneurs se sont succédés à la barre de l’Indochine, avec toujours comme objectif de pacifier les populations indigènes en développant un protectorat sage et loyal. Cette voie, qualifiée de " politique annamite ", permis quelques succès, comme la pacification du Tonkin en 1890 et l’éradication des pirates. Mais l’entretien de l’armée coûtait cher, l’Indochine restait un gouffre financier, et il fallait des résultats rapides.

La révocation du gouverneur Lanessan en 1894 fut interprété comme un désaveu de la politique annamite. Tant de fonctionnaires, de missionnaires, de militaires et de colons l’avaient désapprouvé qu’il fallait s’attendre à un tournant décisif. Les rapports avec la Cour de Hué et avec le peuple annamite n’avaient, dès lors, plus d’importance. Ils étaient devenus secondaires voire marginaux. Il fallait en terminer avec une pacification qui paraissait toujours incomplète et encore " assainir ". Le temps des concessions et des négociations avec les " ennemis " était terminé. Cette nouvelle politique, répressive, donna rapidement les résultats escomptés et les rébellions furent anéanties.

Paul Doumer pouvait enfin, en 1897, s’engager dans une profonde transformation économique de l’Indochine et ouvrir la voie à un développement durable et rentable pour la métropole. La soumission toujours plus forte des populations n’a pourtant en rien fait disparaître l’esprit de liberté qui prévalait. La France mettra plus de 50 ans à s’en apercevoir.

Cartes postales du mariage du Prince D'Annam

 

Quant à Ham Nghi, il épousa en novembre 1904 une française de 19 ans, fille du président du tribunal d’Alger Laloë, dont il eut 3 enfants (deux filles et un garçon), à qui il refusa d’apprendre l’annamite. Il occupa ses loisirs à sculpter et à peindre, et vint parfois en France, mais il garda un mutisme total sur sa destinée. Il habita après 1906 à Alger une villa sur les hauteurs d’El Biar. Il y mourut le 14 janvier 1944, âgé de 73 ans, après 55 ans d’exil, et fut inhumé au cimetière d’El Biar. Les restes du " prince d’Annam " (comme il était appelé) furent ramenés en 1965 en France, où ils reposent, dans le Périgord, à Sarlat. Ces trois enfants portent le nom " d’Annam " : Nhu-May, Nhu-Ly et Minh-Duc, nés respectivement en 1905, 1908 et 1910. Seule Nhu-Ly, l’une des deux filles, eu des enfants.

Le prince d’Annam fut le symbole de la résistance aux français. Il fait parti des rares personnages historiques encore reconnu le Vietnam communiste d’aujourd’hui.

 

Pour la famille Laloë, à Lille...

Rédigé en juin 2003.

D’après le livre " Français et Annamites, partenaires ou ennemis, 1856-1902 ", Philippe Devillers, éditeur Denoël.

 

Description détaillée de la capture du Prince d'Annam  Suite    Suite     d'après "La Laos et le Protectoral Francais" paru en 1900, écrit par le Capitaine Gosselin, ancien commissaire du gouvernement au Laos.

Vie à Alger

Lieu de la capture d'Ham Nghi

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