Les Frères des Écoles Chrétiennes 

 

(d’après un article de la revue « Indochine » paru en 1944)

Son Fondateur: Saint Jean Baptiste de la Salle (1651-1719)

 

Portrait de Saint Jean Baptiste de la Salle

 

La création de cet institut missionnaire revient à Saint Jean Baptiste de la Salle qui révolutionna l'enseignement. Né près de Rouen dans une famille noble, il remplace, à 20 ans, ses parents décédés auprès de ses 6 frères et sœurs. Il s'intéressa à une école gratuite qu'avait fondé son directeur de conscience, le chanoine Rolland. Il crée alors une société d'enseignement et y affecte toute sa fortune. A partir de là, sa fondation permit la multiplication des écoles gratuites, malgré toutes les difficultés du moment.

A sa mort, en 1719, l'Institut comptait déjà 300 Frères et 10.000 élèves.

Son procès de béatification commença en 1835 et, le 8 mai 1840, il fut déclaré Vénérable. Il a été proclamé bienheureux le 19 février 1888 et canonisé le 24 mai 1900 par le pape Léon XIII.

A noter que les Frères sont des religieux, mais pas des Prêtes.

Les innovations dans l'enseignement

Six innovations majeures sont dues à Saint Jean Baptiste de la Salle et à son institut :

1, Il a appris aux enfants à lire d'abord le Français et ensuite seulement le latin, contrairement à l'usage pratiqué depuis un temps immémorial,

2, Il remplaça la méthode individuelle, lente et quasi stérile, par l'enseignement simultané. S'il n'a pas inventé dans l'école ce mode, il a contribué si puissamment à sa diffusion que certains pédagogues ont désigné sous le nom " mode lassallien " l'enseignement simultané,

3 Il fonda la première Ecole Normale d'Instituteurs. Le premier " séminaire des maîtres pour la campagne " fut inauguré en 1684, soit près de 150 ans avant la création des premières Ecoles Normales officielles en 1833.

4, Il fonda à Saint Yon prés de Rouen le type même de l'enseignement secondaire moderne. Cette création répondait à un besoin social profond puisque les progrès de l'industrie et du commerce exigeaient qu'on donna aux sciences et aux mathématiques une place plus considérable dans les études

5, Il fut aussi le premier à fonder les écoles professionnelles. Il établit la première sur la paroisse de Saint Sulpice, à Paris, en 1699 et une seconde en 1705 à Saint Yon. Là, on y trouvait des cours de tricotage et de tissage. Les travaux de sculpture, de serrurerie, de menuiserie de l'école furent exécutés dans l'établissement même. Les jardins furent consacrés aux études de culture et de botanique.

A cet enseignement professionnel, il y a lieu d'ajouter l'enseignement artistique donné par les Frères, particulièrement fleurissant en Belgique sous le nom d'Écoles Saint Luc. Ces écoles se proposent de former des ouvriers à l'art chrétien et à l'art national.

6, Il avait également fondé des cours qui permettent à l'adulte, à l'apprenti, après sa journée de travail, de perfectionner sa culture intellectuelle en vue de s'élever plus haut dans sa situation. Il les dénomme les " écoles dominicales ".

Rayonnement dans le monde

Les écoles, au nombre de 50 à la mort du fondateur, passèrent à 129 en 1792, dont 121 en France, 5 en Italie et 3 en Suisse. La révolution passa par là et ruina toutes ses œuvres. Le Premier Consul rétablit l'œuvre en 1803 et l'incorpora à l'Université en 1808. Par la suite et suite au vote sur la liberté de l'enseignement primaire en 1833, s'ouvrit une ère de grande prospérité pour les Frères.

En 1874, on compte 734 écoles en France et 98 dans d'autres états.

En 1904, les Frères dirigeaient 2009 écoles dont 1500 en France donnant instruction à 350.000 enfants ou jeunes gens, élevaient 8.000 orphelins, réunissaient 32.500 jeunes dans leurs patronages et cercles, groupaient 21.000 anciens élèves dans leurs amicales, recevaient 3.000 jeunes dans leurs pensions de famille.

Les Frères en Indochine

Par le fait de la loi de 1904, l'Institut perdait en France de nombreuses et florissantes écoles, mais en même temps, il étendait ses rameaux sur les 5 parties du monde, dans 45 pays différents.

 

Le noviciat à Nha Trang

 

Les Frères ont été appelés en Cochinchine par l'Amiral de Lagrandiére en 1866 pour diriger le collège d'Adran, à Saigon. Ce collège avait été fondé en 1861 par les Pères des Missions Étrangères. L'établissement fonctionnait avec des bourses reçus du gouvernement. Les Frères des Écoles Chrétiennes furent sollicités pour reprendre la direction du collège d'Adran et 6 Frères arrivèrent de France pour cela. Il leur fut demandé de préparer des secrétaires et des interprètes pour le Gouvernement et des dessinateurs pour l'Administration des Travaux Publics. Sur décision du conseil Colonial, l'école fut fermée en 1882. Les Frères se retirèrent. Mais satisfait des premiers résultats obtenus, le Gouverneur de Lagrandière écrivit à Chasseloup-Laubat, Ministre de la Marine, ce qui eu pour effet l'arrivée à Saigon d'un nouveau contingent de missionnaires éducateurs.. Leur arrivée permit les créations des écoles de Cholon, Vinh Long et de Soc Trang.

En 1889, ils prirent la direction de l'Institution Taberd. Cette institution fut fondée en 1874 par le Révérend Père Kerlan, curé de la cathédrale de Saigon, en faveur des métis abandonnés. Elle pris ensuite une importance qui nécessita un renforcement du corps professoral et les Frères furent appelés en renfort. L'école survécut à toutes les difficultés, à toutes les crises. Le chiffre de sa population scolaire s'est toujours maintenu au-dessus du millier d'élèves. Français, Annamites, Chinois, Indiens, Cambodgiens y vivent dans une cordiale camaraderie, sous le signe de la charité chrétienne. La vieille institution, pendant longtemps simple école primaire et primaire supérieure, s'est adjoint en 1938 un cours d'enseignement secondaire classique.

 

Le Sacré Coeur de Dalat

 

De Saigon, les Frères ont rayonné sur toute l'Indochine.

En 1894, Mgr Puginier les appela à Hanoi ou ils créèrent l'école qui porte son nom. Puis ils s'établirent à Hué, Thu Duc, au Cap Saint Jacques, à Tan Dinh en 1904. A Battambang sous la domination Siamoise en 1906, à Haiphong en 1907. à Mytho en 1908, à Phnom Penh en 1911, à Qhin nhon en 1921, à Nam Dinh en 1924, à Phat Diem en 1932.

En 1933, fut inaugurée la maison de Nha Trang, pour la formation religieuse et pédagogique des jeunes Frères. En 1937, Mgr Can les appela pour diriger son probatorium. La dernière œuvre en date est l'Institution " Le Sacré Cœur " de Dalat qui a ouvert ses portes le 1er octobre 1941. En 1944, la province d'Indochine comptait 200 Frères distribuant l'enseignement à 6000 élèves dans 16 écoles.

La fermeté de leurs prescriptions réglementaires n'est peut être pas la moindre des qualités signalant leurs écoles aux choix des familles. Ils attachent un soin particulier à la formation sociale de leur jeunesse, théorique dans l'enseignement catéchistique, pratique par les multiples œuvres de bienfaisance organisées au sein de l'école même, cette formation visant à préserver les enfants de l'individualisme.

Avec le crucifix dans leurs classes, les Frères n'ont jamais camouflé le caractère religieux de leur enseignement. Cela ne les empêche pas de professer le plus grand respect pour toutes les croyances et d'ouvrir toute grande leurs portes aux enfants de toutes religions et de tous rites.

Les Frères des Ecoles Chrétiennes aujourd'hui...

Les Frères ont été jusqu'à environ 300 dans les années 60 dans le sud Vietnam. Les écoles sont devenues mixtes à cette époque là. Après la réunification, les Frères, comme toutes les autres congrégations, ont perdu le droit d'enseigner et tous leurs bâtiments éducatifs ont été saisis par l'État. A Hué, l'école Pellerin a été prêtée pour 5 ans au gouvernement, ce qui laisse espérer aux Frères sa restitution un jour...

Actuellement, il y a encore quelques dizaines de Frères au Vietnam. Ils s'occupent toujours d'enseignement, sous forme de cours du soir, de formation gratuite pour les étudiants...

Les anciens élèves organisent régulièrement des fêtes en l'honneur des anciens professeurs, comme en témoignent la photo ci dessous, prise à Hué en décembre 2011, pour les 90 ans du Frère Dao, ancien professeur au lycée Pellerin. L'une des caractéristiques des FEC est le fort attachement des élèves à leur anciens professeurs. 

 

 

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