Voyage en Cochinchine en 1872

Docteur Morice

La revue Tour du Monde publie en 1875 le récit de voyage d'un naturaliste, le Docteur Morice. Au délà de l'étude très fournie de la faune locale (non relatée ici), on y relate le Saigon de ces années là. Ni l'hotel Continental, ni la cathédrale n'existent encore ; c'est l'époque des premiers colons et des rues en terre... Le Docteur Morice nous fait découvrir aussi d'autres endroits de la Cochinchine : Cholon, Hatien, Ving Long, Mytho, Gocong ....    

Le récit complet est disponible sur le site de la BNF. 

800SaigonMessagerie.jpg (64954 octets) Rade de Saigon, et vue sur les Messageries Maritimes

Histoire de fourmis

"Le lendemain matin , après un sommeil troublé par de trop nombreux buveurs de sang - qui me permirrent de trouver à la moustiquaire la seule définition qui lui convienne : rideaux de mousseline sous lesquels on enferme les moustiques - je me levai pour visiter la ville. Mais avant de satisfaire ma légitime curiosité, je voulus examiner certains animaux que j’avais rapporter de France et auxquels mes soins paternels avaient su conserver l’existence pendant une longue traversée. C’étaient deux couleuvres vipérines, jeunes encore, mais dont les graces naissantes faisaient mes délices. J’ouvre la commode où j’avais placé la boite qui les contenait. Horreur ! des légions de fourmis noires s’en échappaient et je ne trouvais plus que deux squellettes fort bien préparés. La fourmi des tropiques venait de se révéler à moi dans toute sa fiévreuse activité."


 

Le Cosmopolitan Hotel à Saigon

"Le grand Cosmopolitan Hotel ou maison Vantai montrait avec orgeuil, sur les bords même du quai, sa large facade à trois étages ; les tamariniers de la rue Catinat et des diverses artéres de la ville dressaient leurs larges têtes verdoyantes régulièrement échelonnées ; et ces voitures nombreuses mais peu confortables qu’on appelle Malabars, attendaient leurs proies multiples qui allaient leur être livrées."

Les gamins de Saigon

 


 

La Sainte Enfance à Saigon.

Portraits des annamites...

" Le premier sentiment que l’étranger éprouve à son égard est celui d’un dégout assez vif. Ces figures plus ou moins plates, souvent sans expressoin, ces yeux livides et sustout ce nez camus et ces bouches aux grosses lévres retroussées, rougies, et noircies par le bétel, ne répondent guére à nos idées sur la beauté. Mais après un séjour de quelques mois, on finit par lire un sens sur beaucoup de ces visages et à faire un tri parmi ces laideurs. On trouve quelques yeux plus droits, quelques nez presque caucasiques, et la répugnance disparaît peu à peu.

C’est en tout cas une petite race. Nous sommes très grands à coté d’eux, et leur force est bien au dessous de la notre ; soit hygiène mal entendue, soit faiblesse native, aucun d’eux ne vaut un européen. Quant au teint, chez eux qui ne sont point trop foncée, il paraît blafard. Il n’y a que deux points sur lesquels les Annamites sont nos maitres : la possibilité de ramer 10 heures de suite, et l’innocuité avec laquelle ils bravent le soleil.

Quant à leur caractére, c’est celui d’une race que l’esclavage, l’ignorance et la paresse ont fait prauve, peu curieuse, et craintive.

Notre domination en Cochinchine a succédé à une autre plus lourde et autrement dégradante, celle des mandarins de la cours de Hué. C’est donc un peuple mou, menteur, et difficille à émouvoir. Mais, au milieu de ces vices des races privées de liberté, il y a des qualités qui permettent d’espérer beaucoup : une gaieté touchant trop souvent au persiflage, une aptitude puissante à apprendre et à comprendre, et, chose singlulière, un certain orgeuil de race, du moins chez quelques uns."

Scéne prise au marché de Saigon

 


Maison Chinoise à Cholen

 

La ferme aux crocodiles de Cholon

"Parmi les particularités que renferme Cholen, il faut citer avant tout ses parcs à crocodiles. Figurez vous une barriére de lourds et longs pieux qui entourent quelques vingt métres carrés sur les berges de la rivière; dans cette boue, que les grandes marées inondent régulièrement, grouillent cent à deux cents crocodiles. La viande se débitent à coté. Lorsqu’on éprouve le besoin de sacrifier un des monstres, on souléve deux pieux, on jette un noeud coulant autour du cou du plus gros de la bande et on le tire au dehors ; puis on lui amarre la queue le long du corps, on lui serre les pattes et on les relvée sur le dos en les attachant avec du rotin ; un autre bout de rotin tient fermées les machoires , et telle est la solidité de ces liens végétaux, que malgré sa force prodigieuse l’énorme saurien ne peut se débattre et se laisse sacrifier sans se venger. Quant à la chair, bien qu’un peu coriace, il paraît qu’elle a sa valeur et n’est imprégnée de cette odeur de musc que tant de voyageyur s’accordent à lui donner. C’est une viande très bien recue sur les tables annamites."


 

Le quartier asiatique à Saigon

 

 


Chinois et Chinoise à Cholen (Cholon)

 

 

Soldats et cavaliers de Saigon

 

 

Marchands chinois, à Saigon

 

 

Acteur cochinchinois

 

Préte boudhiste

 


 

Un habitant d'Hatien

 

 


Moulin à riz, à Gocong

 


 

Vinh Long

 

L’oeil peint sur les coques des bateaux...

"L’arroyo est couvert de barques qui toutes, modeste sampans ou vastes jonques, ont à la proue, peint au milieu ou de chaque coté, un œil gigantesque.

Voici la légende que l’on raconte à ce propos :

Un des prédécesseurs de l’empereur Tu Duc, prenant en considération les plaintes de ses sujets qui étaient souvent dévorées par les crocodilescou les gros poinssons, rendit un édit par lequel chacun fut obligé de peindre à l’avant de sa barque afin, dit le texte naif, que les monstres des eaux prissent la barque pour un être animé comme eux et ne lui fissent point de mal."


 

Femmes et enfants cambodgiens

 

 

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