Les Sœurs de Saint Paul de Chartres

 "S'offrir à Dieu pour le bien de l'Église et l'intérêt du prochain"

Les Sœurs de Saint Paul de Chartres, le plus ancien ordre missionnaire de femmes, crée en 1696, compte aujourd'hui 4000 sœurs dont 1000 au Vietnam. 

"C'est le 20 mai 1860 que les deux premières religieuses de Saint Paul de Chartres arrivèrent à Saigon, à l'appel de Mgr Lefèvre, vicaire apostolique de la Cochinchine occidentale. Ce fut la première congrégation féminine à s'installer au Vietnam après les Amantes de la Croix qui avaient été fondées dès le début de l'évangélisation. Dès leur arrivée, les sœurs de Saint Paul se préoccupèrent de recueillir et de soigner des orphelins dans ce qui n'était encore qu'une case, située dans un marécage près de l'évêché de Mgr Lefèvre. Celui-ci leur avait aussi confié le soin d'un petit hôpital qu'il venait de fonder. Malgré les conditions extrêmement difficiles de leurs débuts, les religieuses françaises ne tardèrent pas à attirer vers elles des postulantes vietnamiennes. La première se présenta trois mois après leur arrivée. Six ans plus tard, un noviciat était créé et le recrutement n'a jamais fait défaut à la congrégation qui est aujourd'hui une des plus nombreuses du Vietnam.

En pousse pousse....

Peu après leur arrivée, leur oeuvre auprès des orphelins et des malades se développa avec une grande rapidité. Les orphelinats placés sous leur responsabilité se multiplièrent. Le petit hôpital du début fut bientôt trop petit. et remplacé par deux hôpitaux, l'un situé à Saigon, l'autre à Hanoi, tous les deux appelés Saint Paul. Jusqu'à 1954 à Hanoi et 1975 à Saigon les sœurs en assurèrent l'administration et y dispensèrent leurs services. En outre, au bout de quelques temps, la congrégation se tourna aussi vers l'éducation de la jeunesse vietnamienne. De grandes écoles secondaires furent fondées dans toutes les grandes villes du Vietnam: l'école Sainte Marie et l'école de la Sainte famille à Hanoi, l'école Jeanne d'Arc à Huê, l'école du Sacré Coeur de Da Nang, l'école Sainte Thérèse de Kontum, l'école Saint Paul de Pleiku, l'école Saint Paul de Saigon et beaucoup d'autres.

Après 1975, l'Etat vietnamien nationalisa et plaça sous son administration toutes les écoles, tous les hôpitaux et dispensaires, ainsi que les divers établissements d'assistance sociale de la congrégation. Beaucoup de religieuses purent cependant continuer à travailler à leurs anciens postes dans les hôpitaux et dispensaires après leur nationalisation. En 1980, les religieuses de Saint Paul réussirent à obtenir la permission d'ouvrir un centre d'acupuncture à l'intérieur même de leur couvent. Tenu par deux religieuses diplômées, le centre continue de fonctionner aujourd'hui encore.

Les Sœurs à  l'action ! (collection MEP). Maison commune à Dak Resa, sur les hauts plateaux, chez les Bahnars.

     

Par contre, elles durent attendre l'année 1990 pour exercer de nouveau leurs talents d'éducatrice. C'est à cette époque en effet que commencèrent à s'ouvrir avec ou sans la permission des autorités un certain nombre d'institutions scolaires dirigées et administrées par les sœurs: les premiers groupes familiaux d'enfants, les classes et les écoles maternelles, les écoles de l'affection. C'est pour le moment le seul type d'établissements où peut se déployer l'initiative privée."

D'après une dépêche paru en 1996, sur le site des Missions Étrangères de Paris (EDA N°214-01/02/1996)

Les écoles maternelles tenues par les sœurs sont autorisées depuis 1990 par le gouvernement. Elles rencontrent un grand succès auprès de la population (et notamment des dignitaires...) et permettent aux religieuses de bénéficier de revenus. Les règles de fonctionnement sont strictes et l'enseignement religieux est totalement prohibé. 

A Chartres

Le noviciat de la maison mère des sœurs de Saint Paul

 

 

Les Sœurs de Saint Paul à Saigon

Construction d'origine des sœurs. Ces bâtiments ont été remplacés par à la fin du XIXieme siècle par les bâtiments actuels. Collection Gsell, 1866, ancien fonds du musée des colonies.    

 

La Sainte Enfance, vues aériennes de 1929   

 

100SainteEnfanceSaigon.jpg (59114 octets) Saigon, la Sainte Enfance. Cette partie a été réquisitionnée après 1975. Le bâtiment assez bas que l'on distingue à droite existe toujours. Il sert de salle de cours à l'école des professeurs. L'élargissement de la route a réduit la surface de cette cours, qui sert aujourd'hui de parking à motos pour les élèves. A l'arrière, les bâtiments conservés par les sœurs.

 

La Sainte Enfance aujourd'hui.. Les bâtiments ont été durement éprouvés durant les bombardements alliés à partir de 1943     

 

La clinique du Docteur Augier de Loheac. Médecin Principal de la Marina, le Docteur Augier démissionna pour recueillir dans son établissement les Sœurs de St Paul expulsées  de l'hôpital en 1908. Quelques années plus tard, s'ouvrira la Clinique Saint Paul, en 1939. Le pavillon d'entrée porte le nom du docteur. 

 

La "Sainte Enfance". 

 

Vue de la Saint Enfance depuis la tour Prudential. A gauche du couvent, on distingue quelques bâtiments du séminaire. Au fond, le jardin botanique et la rivière de Saigon.

 

Bâtiment à  l'angle des rues Nguyen Huu Canh et Ton Duc Thang. Réquisitionné après 1975, c'est aujourd'hui une école de professeurs. L'élargissement du boulevard a réduit la surface autour du bâtiment.

 

Messe à 5h tous les jours. Le nombre de religieuses (novices ou consacrées), plus de 200 ce matin là, témoigne de la vitalité de la congrégation. Messe en français ou en anglais, en alternance, le samedi matin.

 

Mère Supérieure de la Sainte Enfance à Hong Kong (créé avec le soutien de Rome pour lutter contre les infanticides des petites filles en Chine), Mère Benjamin implantera à Saigon la communauté dès 1860. Mère Supérieure des maisons de Cochinchine, du Tonkin et du Japon, elle décédera en 1884.    

     

 

De nombreux cimetières ayant été condamnés à travers tout le pays, les restes d'un certain nombre de sœurs ont été rassemblés dans la crypte.

A coté de la tombe de Mère Benjamin, la sépulture de Sœur Nguyen Thi Hien, qui fut la première mère supérieure vietnamienne de la communauté, en 1966., 

     

 

Magnifique fresque qui rappelle la fondation de la communauté, sur les plaines de la beauce. La congrégation fêtera en 2010 ses 150 ans de présence au Vietnam

 

En ville, la clinique Saint Paul, sur Nguyen Thi Minh Khai, aujourd'hui hôpital public. L'appellation a néanmoins été conservée. Ouverture en 1939

Les Sœurs de Saint Paul à Hanoi

 



  

L'institution Sainte Marie, à Hanoi, aujourd'hui

 

 

La Chapelle, ouverte à tous aujourd'hui. Il ne reste plus que quelques religieuses sur place, compte tenu de l'exiguïté des lieux. Les bâtiments de l'ancienne école, de part et d'autres de l'entrée principale, ont été confisqués et transformés en hôpitaux. 

 

 

 

Hanoi, l'école Sainte Marie

 

108HanoiSainteMarie10oct1954.jpg (95100 octets) A Sainte Marie, le 10 octobre 1954

 

Privées de revenus pendant de nombreuses années, les sœurs ont pris l'habitude de cultiver quelques légumes au cœur même de leur couvent. Aujourd'hui, elles ont pu réouvrir une maternelle.   

 

La clinique Saint Paul

 

 

 

La clinique Saint Paul aujourd'hui, transformée en hôpital public. Les signes religieux n'ont pas tous été supprimés. La statue de Saint Paul continue à être fleurie par les patients et la croix est toujours à sa place sur l'ancienne chapelle..     

 

Soeur Bazile St Pierre, née en 1907, la mémoire vive de la congrégation ! Elle a traversé le siècle au contact des Français, Japonais, Nationalistes ou Communistes.... "Pourquoi aurions nous été inquiété, nous ne sommes là que pour faire le bien".... A son actif néanmoins, quelques jours de prisons à l'arrivée des communistes. Comme pour tous les catholiques présents aujourd'hui au Vietnam, la prudence est de mise mais cela n'altère en rien la foi. Au contraire !      

 

Blason de la maison de Hanoi : "Régularité, Travail, Simplicité"

Extraits du livre "La femme française dans les colonies" Chivas Baron, 1929

Début de l'œuvre ..

"La Sainte Enfance de Saigon est fondée le 20 mai 1860 dans une paillote sur pilotis, "sorte de cage à poulets dont les pieds trempaient dans un marécage qu'inondait la mer montante".

L'évêque a fait construire la paillote cage à poulets, il donne une chèvre. Une vache laitière est offerte par le chirurgien de la marine. Le capitaine de vaisseau Dariés donne 30 piastres par mois. [...] Déjà, Mgr Lefèvre avait ouvert "sans plus de ressources que le dévouement des sœurs" le 1er hôpital indigène qui "déborde vite de malades aux plaies gangrenées et souvent pleine de vers".

L'administration militaire fournit les médicaments, puis l'Amiral Charner, une subvention de 300 piastres. Selon les plans de la nouvelle Saigon, une voie devait passer au travers de ce premier établissement des sœurs. L'amiral Bonnard leur donne alors un emplacement sur le Boulevard de la Citadelle. Inauguration le 14 août 1862, en présence de l'Évêque et du père Dourisboure, l'apôtre des Bahnars.

Protection des enfants métis

"Il ne faut pas oublier que Mère Benjamin, commença, en Indochine, la belle oeuvre de protection des enfants métis. Après mille difficultés, elle réussit à fonder, en 1874, un asile pensionnat pour les fillettes métisses abandonnées; En 1875, un refuge pour les filles métisses ou indigènes mises à mal et délaissées. [..] Ainsi que Mgr Lefebvre, elle a des "saintes audaces et de saintes colères" contre les fonctionnaires et les soldats français qui, souvent, ravirent par surprise ou par force, ces brebis maintenant perdues.

Nous lisons dans la Cochinchine de E Louvet : "...Le croirait on ? Cette oeuvre si méritante et si touchante attira sur Mère Benjamin la haine de plusieurs résidents. On osa formuler des accusations de séquestrations arbitraire et de mauvais traitements. Mère Benjamin dut comparaître devant les tribunaux et se voir condamner à une forte amende. En même temps, par les soins plus qu'empressés d'un procureur de la République, une descente de justice avait lieu dans l'établissement et l'officier ministériel déclarait solennellement à ces pauvres filles que personne n'avait le droit de les retenir, qu'elles pourraient retourner, quand elles le voudraient, à leur honnête métier. L'appel à la débauche produisit peu d'effet. Et, insensiblement, comme il arrive d'ordinaire, l'opinion publique se calma.

Mère Benjamin put poursuivre son oeuvre.

Et voici pourquoi 30 ans plus tard, Pierre Mille put visiter un asile pensionnat du cambodge. En ouvrant la porte d'une classe, il fut accueilli par cette phrase savoureuse : "les petits péchés de ces messieurs"

Nam-dinh, Tonkin. Enfants abandonnés qui ont retrouvé à la sainte enfance des mamans, des berceaux et une table à laquelle ils paraissent faire honneur

 

le 14 juillet 1920. Sœur Antoine est promut au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur par le ministre des colonies, M. Albert Sarraut.

 

 

 

 

L'Hospice de Son Tay

 

 

112bentre.jpg (148834 octets) Bentré, Cochinchine. Distribution des vivres aux malades pouvant circuler

 

 

 

 Tra Vinh, l'asile. Aujourd'hui, les sœurs s'occupent d'une maternelle très réputée.

 

 

Une bien belle famille annamite

 

 

 Thi-nghé, Cochinchine. Le décorticage du riz par les internes de l'hospice

 

Cimetière des religieuses (vietnamiennes et françaises) à Soc Trang (delta du Mékong). A droite, une salle de classe dans un bâtiment nationalisé en 1975 mais laissée à l'abandon depuis. Les religieuses aimeraient récupérer ces locaux, démarches vaines jusqu'ici      

 

 Léproserie de Cua Long (vers 1931)

 

 

 

Cholon, Fillettes de la Sainte Enfance faisant du fuseau

 

 

 

La Révèrente Mère Benjamin

 

 

Saigon, un groupe de jeunes professeurs indigènes

 

 

Religieuses Laotiennes

 

Implantation en Cochinchine   

 

Implantation au Tonkin 

 

Au Cambodge

A Phom Penh, toutes les églises et chapelles ont été détruites (sauf une) par les khmers rouges. Au musée national, sont "exposées" quelques unes des cloches ayant appartenues à ces églises. Ci dessous, celle des sœurs de St Paul. 

Le symbole de la congrégation : l'ancre marine et la croix 

 

"Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre", Sainte Thérese

 

Un grand merci à toute la congrégation pour son accueil chaleureux du nord au sud du Vietnam, et notamment Sœur Anne, Archiviste à Saigon, Sœur Marie Alexandra à Tra Vinh, Sœur Françoise Thao à Hanoi, Sœur Marie de l'Annonciation à Hué. Au delà de leur vie spirituelle, les sœurs ont de nombreuses activités sociales destinées aux plus humbles et sont aussi des relais extrêmement dynamiques de la francophonie. Ainsi, un peu partout, des cours de français sont organisés, non seulement pour les jeunes religieuses, mais aussi pour tous ceux qui souhaitent découvrir ou pratiquer notre langue. N'hésitez pas, au cours de vos voyages sur place, à aller les encourager.

A lire également sur consulat de france à hong kong l'article sur la présence des Sœurs à Hong Kong depuis 1848. A cette époque, de nombreux bébés - les filles - sont abandonnés. Les sœurs vont en recueillir des milliers pour les sauver de ce véritable génocide.  

Les filles de Saint Paul en Indochine, Chanoine Jean Vaudon, Procure des Soeurs de Saint Paul,1931

René Gobillo, Les Soeurs de Saint Paul de Chartres au Nord Vietnam

 

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