Le Cap Saint Jacques

C'est la première chose que découvre les voyageurs en arrivant en Indochine après 4 semaines de navigation sur les paquebots à vapeur. Il faut encore quelques heures de plus pour enfin atteindre Saigon par le fleuve Dong Nai...Cap Mythique, appelé St Jacques par les marins portugais, ce fut vite un point stratégique pour les Français, une ville de garnison puis une station balnéaire. Havre de paix, Paul Doumer aimait s'y reposer.

De nos jours, après avoir été longtemps fréquentés par les russes (pour le pétrole..), Vung Tau est à présent un lieu de villégiature où viennent se reposer les saigonnais le week-end. Quelques bâtiments témoignent encore de la présence française. 

Vues du Cap St Jacques


Vue prise en 1937. Vue prise par l'armée de l'air. 

 

Extrait du roman "Partir" écrit par Roland Dorgeles, en 1926, qui décrit magnifiquement le voyage en bateau de Marseille à Saigon :

"La remontée de la rivière s'éternisait, entre deux rives plates couvertes de palétuviers. Cette terre paraissait molle, comme une immense éponge gorgée d'eau limoneuse. Un clocher pointait, parfois à droite, parfois à gauche, suivant les coudes du fleuve, si bien que Saigon semblait se dérober, plantant, pour nous tromper, sa cathédrale aux quatre coins du ciel. Peu à peu, la rivière s'animait : jonques arrondies, cargos fumants, et ces sampans aux grâces de gondole qu'une fille debout conduit d'une rame indolente. Les premiers villages apparurent, avec leurs toits de paille, puis des hangars, de hautes cheminées, des grues aux lourdes chaînes, des navires amarrés. La paquebot lança son coup de sirène. Saigon..."

Vue prise du Grand Mamelon. Baie des Cocotiers et Colline du phare. Début du siècle et en 2007

 


Vue prise en 2007. Vue prise du phare 

 

 


Vue prise en 2007. Vue prise du phare 

 

 


Grand Mamelon. Au nord, villa du gouverneur de la Cochinchine

 

 

 

Vue prise de la route du phare ;

Vue prise de la route de la Petite Corniche. Le feu vert

Le phare

Le phare est à présent très facilement accessible, alors qu'autrefois il était absolument interdit d'y accéder, voire même, du temps des français, de le prendre en photo....

Le mécanisme d'origine du phare est toujours en service. Il a été fourni par la célèbre maison Lepaute, à Paris, qui a équipé de nombreux phares aux quatre coins de la planète, au début du XXeme siècle.

La montée au phare offre aujourd'hui une vue superbe sur toute l'île et permet de constater la transformation de ce lieu..

      

La Villa Blanche

 

La "Villa Blanche", construite pour le gouverneur général Paul Doumer en 1898 (architecte : Antoine Genet). Relié à Saigon par le "câble" pour le télégraphe, Paul Doumer pouvait y venir s'y reposer. 

 

La villa blanche servit à accueillir de nombreuses personnalités depuis Paul Doumer jusqu'aux dignitaires de la République Sud Vietnamienne en passant par les américains. En 1906, le roi déchu Thanh Thai y fut contraint de s'y installer jusqu'en 1917. On parla alors du "Palais du Roi". 

Aujourd'hui, c'est un endroit agréable ouvert aux touristes. Si la décoration du rez de chaussée est assez surprenante, l'atmosphère de l'époque reste intacte au 1er étage. Les escaliers sont aussi remarquables.

 

 

Vue de la villa, du temps de Paul Doumer 

 

Dans ses mémoires, Paul Doumer écrit : "Le Cap St jacques abrita bien souvent ma famille au cours des années que nous avons passé en Indo-chine; et moi même j'y ai résidé fréquemment et fait les travaux de longue haleine qui exigeaient la réflexion et le calme. C'est là que j'ai pu préparer, à l'abri de l'incessant mouvement des visiteurs à Saigon, les plans successifs d'organisation et de réforme qui ont été ensuite été appliqués. La villa familiale que j'y avais fait construire était reliée par le téléphone aux bureaux du Gouvernement général, à  Saigon. Un secrétaire annamite dont le dévouement était égal à la grand intelligence, M Pham-Van Thuoï, m'accompagnait seul au Cap, comme il m'accompagnait du reste un peu partout.

J'ai conservé du joli coin de terre qu'est le cap St Jacques, des jours que j'y ai vécus, même ceux ou j'ai payé mon tribut à la commune maladie tropicale, le plus agréable souvenir. Cette porte de l'Indochine ouverte sur la mer, sur le monde extérieur, pour laquelle nos batteries constituent une puissante serrure de sûreté, n'a rien d'aimable en dépit du double massif de montagnes rocheuses qui l'entoure. Ce n'est certes pas un lieu de villégiature, mais c'est une forteresse ou il fait bon vivre."

 

Détail des ornements de la Villa Blanche. Les bustes sont ceux d'empereurs Romains.

 


 

Le 1er étage

 

Les autres bâtiments civils ou privès

Les anciennes casernes de l'infanterie occupées aujourd'hui par l'industrie du pétrole

Le Grand Hôtel Mottet


Le Grand Hotel (Hotel Mottet et Cie)

 

 


Plage devant le Grand Hôtel

 

 

L'église de Vung Tau. 

 

L'un des 22 pavillons militaires

 


La Poste

 

 


Vue prise du quai de Lanessan à l'ombre d'un bananier

 

 

L'Inspection

 

Communauté des pères dominicains. En cours de démolition (début 2003) pour laisser place à un nouvel ensemble immobilier... Les hotels ne manquent pas à Vung Tau.

 


Divers bâtiments de l'époque coloniale (à gauche, ancien hôpital)

 

Au début du siècle...

 

Les colons étaient parfois déçus du décor un peu désolant entre le Cap St Jacques et Saigon : chaleur, humidité, végétation monotone et teres inhospitalières... Quel soulagement en découvrant enfin le clocher de Notre Dame ! Enfin la présence française! (voir ci dessous).

 

Extrait du livre écrit par Gourdon, 1931, sur l'Indochine :

"Le voyage tire à sa fin quand le paquebot arrive en vue du Cap St Jacques. Comme tout le monde, il est venu s’accouder au bastingage, impatient ou curieux de cette terre lointaine qu’il a imaginé d’après les écrits et les dires dont il a été abreuvé... Mais déjà il se sent un peu colonial... Pourtant la couleur des flots que fend l’étrave n’est guère attirante. A l’approche de l’embouchure du Dong Nai, le bleu-vert limpide de la mer de Chine tourne à une sinistre teinte gris ocre, celle des eaux fluviales gorgées de limon qui s’y mêlent. La petite station balnéaire du Cap St Jacques qui commande l’entrée du fleuve n’est pas Cannes ... A perte de vue s’étend une plaine spongieuse, désespérant plate, heureusement verdoyante durant la saison des pluies. Quelques sampans et quelques chapeaux coniques donnent la note exotique attendue; mais un doute s’insinue : ce pays est-il bien l’eldorado espéré ?

Le flèche d’une église ocre rouge apparaît enfin, jaillissant d’un écrin de verdure; symbole d’une religion qui a été le prétexte de la conquête, elle est en quelques sortes le phare qui signale la perle.."

 

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